Article rédigé à Marseille le 28 avril 2017

 

Voici déjà dix jours que nous sommes partis de Saint Céré, direction Prague.

 

 

 

 

Mardi 18 avril 2017 – Gourdon – 65 km

Chez Mamido (AirBnB)

 

Nous n’avons passé qu’un mois à St Céré et avions pourtant déjà pris des petites habitudes bien confortables. Cela faisait tout drôle ce matin de fermer l’appartement. Nous allions devoir reprendre nos habitudes de vie nomade et savions bien que ce n’était l’affaire que de quelques heures. Pique-nique à Rocamadour, en plein soleil, à l’abri d’un vent glacial. Bonheur de retrouver ce causse de caillasse, les falaises de l’Ouysse creusées de bleu. La nature explose en ce moment. Lilas, glycines et iris sont en pleine floraison. Les premières roses s’épanouissent dans les jardins. Plaisir de pédaler quasiment seuls sur les petites routes au son des grillons. Les merles sont fous de joie. Le rossignol chante et les martinets sont enfin arrivés.

La côte de Cales me parut facile mais celle de Reilhaguet me laissa vidée, assise contre le monument aux morts de la place du village. J’avais oublié comme c’est lourd un vélo avec tout le matériel de camping, les gamelles, le réchaud, le riz, l’huile, les céréales, le café, le fromage, enfin tout quoi. Nous n’avons pas loin de 10 kg de bagages en plus que l’hiver dernier en Asie.

 

Nous avions retenu une chambre chez Dominique et il fallut monter encore un peu pour arriver jusqu’à son hameau dans un bosquet. Elle habite une petite maison neuve avec deux chambres et une vue incroyable. Qu’elle drôle de femme, si généreuse, si pétillante, si dynamique, si bavarde, si indépendante ! Accueil vraiment sympa. Nous nous couchions dans une chambre douillette tandis que la température extérieure ne nous faisait aucunement regretter le camping.

Mercredi 19 avril 2017 – Luzech – 56 km

Chez la petite famille Caudriller (Warmshowers)

 

Gelée blanche au petit matin. Vent glacial sur la route mais grand soleil et lumière limpide. Les feuilles toutes jeunes des arbres semblent phosphorescentes. Accompagnés toute la journée par le chant des grillons.

 

Un panneau « village de potiers » nous fit faire un petit détour par Uzèches les Oules où, à défaut de poteries, nous trouvions une cabine téléphonique transformée en cabine à livres. 

 

Valérie et Christophe nous accueillirent chaleureusement pour la soirée. Dans une quinzaine de jours ils prendront la route avec leurs trois enfants sur des tandems mi-droits-mi-couchés, l’un attelé d’une carriole pour le petit dernier. Un vrai road train.

La cabine à livres d'Uzèches les Oules

 

Jeudi 20 Avril 2017 – Montauban – 82 km

Chez Philippe et Marie Pierre (Warmshower)

 

Que des petites routes désertes mais avec de sacrées côtes. Toujours du vent glacial.

Encore une soirée bien sympathique avec nos hôtes. Deux de leurs enfants vivent en Chine et en Australie. Il sera encore question de voyages.Très intéressés nous admirions le superbe trike pliant de Philippe.

 

Mis un temps fou pour rejoindre le canal du Midi à Monbartier.  A Toulouse, sur les berges de la Garonne, ambiance vacances avec de nombreux étudiants assis ou allongés sur les pelouses.

Sur le Canal du Midi après Toulouse

Vendredi 21 avril 2017 – Labège – 75 km

Chez Anne et Christian

Plaisir de venir embrasser les amis. Eux aussi préparent une belle échappée: Madagascar cet été.

Changement de programme. Il nous fallait être à Agde dans la soirée du samedi. Nous prenions donc le train.

 

Samedi 22 – lundi 24 avril 2017 – Agde – 30 km + train

Mardi 25 avril 2017 – Villeneuve lès Maguelonne - 56 km

Chez Rodolphe et Sandrine (Warmshower)

Vent glacial et ciel couvert sur tout le trajet. Nous arrivions chez nos hôtes avec les premières gouttes. Dans la soirée tomberont de grosses averses orageuses.

Rodolphe et Sandrine sont dans les cartons. Le grand départ pour un an à vélo avec leurs deux enfants est prévu pour début juillet et ils espèrent pouvoir louer leur maison. Première étape : Madrid, puis l’Amérique du Sud. Nous les suivrons sur leur blog (laplaneteabicyclette.blogspot.fr)

 

 Mercredi 26 avril 2017 – Les Saintes Maries de la Mer – 67 km

Camping La Brise

 

Pistes cyclables quasiment tout le temps jusqu’au Grau du Roi mais on n’avance pas : racines, chicanes, trottoirs à sauter, tours et détours, nous étions contents finalement de retrouver la route. Vent froid et ciel qui, à notre soulagement, se retiendra de pleuvoir toute la journée. Juste quelques gouttes de temps en temps pour nous alarmer.

Première nuit sous notre nouvelle tente, une Salewa autoportante, plus spacieuse que notre Quechua, mais un peu vite appelée par le fabricant une 3 Saisons. C’est sûr, elle est bien aérée et il y aura peu de condensation.

 

Jeudi 27 avril 2017 – Marseille (50 km + train)

 

Dans la nuit un vent fripon, un vent glaçon, un vent patagon, bref un vent à la con, appelé localement Mistron je crois – « Mistral » me corrige gentiment un indigène -  nous a fait changer de programme. Au lieu de traverser la Camargue par une digue d’Ouest en Est,  vent de travers, nous le prendrons de face jusqu’à la gare d’Arles et finiront le trajet en train.

Pause à Marseille en famille pour quelques jours. 

Un habitant de la Camargue, sous ciel gris et par vent glacial


Article rédigé à Mantoue le 18 mai 2017

 

Nous quittions Marseille le 3 mai. Bien du temps s’est écoulé sans que nous ayons donné de nouvelles. Aussi vais-je tenter de résumer un peu.

 

Nous avions prévu une étape courte afin d’avoir le temps de nous promener dans Cassis. En fait, le port et la vieille ville n’ont pas grand intérêt. Si l’on ne veut pas manger à une terrasse de restaurant en plein vent, ni faire une promenade en bateau dans les calanques – très belle mais déjà faites voilà bien longtemps - ce n’est pas la peine de s’arrêter à Cassis.

Jeudi 4 mai 2017 – La Seyne sur Mer – 45 km

Soleil, nuages et grand vent froid.

 

Aux Lecques nous déjeunions en plein vent avec vue sur le rocher en forme de vague pétrifiée de La Ciotat. A Bandol nous prenions le café, toujours en plein vent. De temps à autre il tombait quelques gouttes et au cours de l’après-midi il fit plus frais. A Sanary nous prenions le temps de croquer des « Pointus ».

Véronique et Christian nous avaient invités et nous passions une excellente soirée avec ce couple de notre âge, gai et sportif. Dans toute la maison des livres et de la peinture.

 

 Vendredi 5 mai 2017 – Cavalaire – 66 km

Traversée de la rade de Toulon

 

Nous quittions La Seyne sur Mer par un petit bateau qui nous fit traverser la rade de Toulon. Et l’on débarque juste à l’entrée de la vieille ville et du marché – cachés par une barre d’immeubles. 

Une piste cyclable mène jusqu’à Cavalaire. Mais elle n’est guère facile à repérer. On la perd pour s’apercevoir un peu plus loin qu’elle a changé de côté de route. Peu après Hyères elle suit le tracé d’une ancienne ligne de chemin de fer, mais à Cavalière on la perd complètement. Avec un peu d’obstination on retrouve le tracé de la ligne non bitumé mais tout à fait cyclable. Toute la journée, bonnes odeurs de pins, eucalyptus, genêts en fleurs. 60 km donc sans voiture, mais sans aucun panneau d’information non plus, excepté à la sortie de Toulon. On se dirige à l’instinct.

Si nous ne nous étions pas arrêtés au camping de la Pinède à Cavalaire nous n’aurions jamais su qu’existait une voie verte pour rejoindre la Croix Valmer. Une fois de plus, aucune indication, même sur Google. Ensuite une piste cyclable nous mena jusqu’à Ste Maxime.

Le Golfe de St Tropez par mauvais temps

 

Le vent était fort et la mer en tempête nous arrosait d’embruns au passage. Juste le temps de manger un morceau sur un banc avant qu’une pluie violente accompagnée de coups de tonnerre se déclenche. Nous trouvions abri sur le seuil de l’office du tourisme où nous patientions près de deux heures en grelottant avant de nous décider à chercher un hôtel. C’est évidemment au moment où, revêtus des capes, pantalons imperméables et sur-chaussures, nous arrivions devant l’hôtel que la pluie cessa et le soleil se montra.

 

 

Dimanche 7 mai 2017 – Le Cannet – 66 km

Du côté de Théoule et Mandelieu il y avait déjà beaucoup trop de monde pour nous sur les plages. Je n’ose imaginer l’ambiance en plein été. Nous arrivions chez nos hôtes dès 16 h. François et Claude préparent avec soins un périple d’un an à vélo aux USA puis Chili et Argentine. Ils veulent tellement ne pas rater leur voyage qu’ils sont avides de renseignements et d’échanges. Ils ont pourtant déjà pédalé pendant six moins en Europe il y a quatre ans. La soirée se prolongea fort tard.

 

Lundi 8-9 mai 2017 – Villeneuve Loubet – 35 km

 

En arrivant sur Antibes vue sur les monts du Mercantour tout enneigés. Tandis que nous buvions notre café en admirant la vue un homme d’une quarantaine d’années, délaissant un court moment femme et enfants sur la plage, vint nous parler de son périple à vélo en Argentine quelques années auparavant. Nos vélos chargés l’avaient transporté dans ses souvenirs de célibataire.

Nous profitions de notre passage à Antibes pour revisiter le Musée Picasso où nous n’étions pas revenus depuis plus de vingt ans. Bonheur et émotion en retrouvant les Grands Faunes et Antipolis que nous avions reproduits sur les portes de placards de la cuisine de notre maison de Saint André les Alpes. J’imagine que les nouveaux propriétaires s’étaient empressés d’effacer toutes ces « horreurs » dès leur arrivée dans les lieux.

Nous marchions à travers le vieil Antibes et la Commune Libre du Safranier jusqu’à la place Niko Kazantzaki, devant la maison où l’un de nos écrivains préférés finit ses jours en 1957.

A partir de Villeneuve Loubet une piste cyclable mène jusqu’à la sortie de Nice, si bien que nous avons longé la côte depuis Marseille sur des pistes les trois quarts du temps. Au niveau de l’aéroport de Nice, une route va vers le Nord, vers Digne, Saint-André. Et j’en avais mal au bras de retenir mon vélo qui voulait filer vers la gauche. Nostalgie de cette région où nous ne sommes pas retournés depuis au moins dix ans. A Beaulieu sur Mer nous déjeunions sur un banc avec vue sur la Villa Kerylos. L’appareil photo de Daniel étant tombé dans une cuvette de WC (on ne rit pas), impossible de faire un cliché. Nous nous contentions donc d’un croquis. J’y tenais. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Villa Kerylos à Beaulieu sur Mer

 

Cette villa, construite et aménagée par un richissime amoureux de l’antiquité grecque m’avait tellement fait rêver adolescente, avant que je ne connaisse enfin la Grèce. C’est que Beaulieu sur mer fait partie des endroits où se sont accrochés des petits bouts de ma vie.

Nous n’avions aucune envie de nous offrir la traversée de Monaco. Avec nos paquetages sur les porte-bagages nous aurions été pris pour des SDF au milieu de tout cet étalage de fric. Et nous choisissions la solution de facilité : le train jusqu’à Vintimille. Si nous pensions déguster le paysage tranquillement assis derrière la vitre, ce fut raté. La voie de chemin de fer passe de tunnel en tunnel. Nous ne vîmes guère que la vieille ville de Menton toute en couleurs et en étages, italienne déjà.

Mercredi 10 mai 2017 – San Rémo

Devant la gare de Vintimille des groupes d’hommes noirs, Ethiopiens peut-être bien, attendaient la suite de leur migration, entourés de sacs et de valises.

Cette fois-ci nous étions vraiment partis. Nous ne comprenions plus la langue et ne reviendrions pas en France avant trois ou quatre mois.

Un carré de pavés au camping de San Remo

 

Jeudi 11 mai 2016 – Albonga – 60 km

 

A partir de San Rémo une ancienne voie ferrée est aménagée en piste cyclable sur une vingtaine de kilomètres - La prendre au coin du camping, car pour ce qui est de la communication et de l’information les Italiens sont aussi nuls que les Français. Par bon vent de face nous apprécions de passer sous les collines par des tunnels, le plus long mesurant quand même 1 km 500. Après, ça s’est un peu corsé mais sur une route très peu fréquentée contrairement à ce que nous redoutions. Ajoutons au passage qu’il y a beaucoup de cyclistes sur la route, la plupart sur des vélos de course, nous doublant à fond de train – Dany dira même : « Tiens ils sont en descente eux ? Moi, je monte » - mais aussi des papy et mamy allant faire leur marché en ville. Aussi les automobilistes semblent-ils respectueux, patients avec les cyclistes. Les villes balnéaires sont désertes, les commerces fermés pour la plupart. On se croirait en période hivernale et cela fait un sacré contraste par rapport à la côte française.

Journée terminée dans un camping laid à pleurer. Et je me demande une fois de plus comment des gens peuvent accepter de payer très cher pour passer leurs vacances dans des lieux aussi sordides. Autour de nous des Allemands et des Hollandais étaient installés comme dans un paradis.
Le paradis, ce le fut encore moins lorsqu’une sono quelque part sur la plage se mit à déverser des percussions et des vociférations d’animateur jusqu’à 3 heures du matin. Et les boules Quies n’y pouvaient rien.

Un petit mot sur les plages de cette Riviera italienne. Les bars et restaurants se la sont appropriée de telle manière qu’il est impossible d’aller faire quelques pas sur le rivage sans passer par l’un de ces commerces et payer. Parasols et transats s’alignent sur des kilomètres. Et chaque propriétaire a tellement délimiter son lopin de sable ou de galets par des barrières qu’il est tout aussi impossible de passer de l’un à l’autre sans repayer à moins de passer à la nage, mais on doit vite être repéré. De la « Promenade du bord de Mer » sur laquelle il est alors cantonné, le marcheur ou le simple badaud ne voit que les dos des baraquements de tous ces locaux commerciaux plus ou moins de guingois.  La mer est à vendre.

Nous, nous la voyons de la belle route en corniche taillée dans la falaise rocheuse peu avant Savonne.

Vendredi 12 mai 2017 – Stella – 58 km

 

 Le ciel s’était franchement assombri et devenait menaçant alors que nous quittions la côte, sans regret, pour nous diriger vers le Nord, vers ces montagnes qui nous séparaient de la plaine du Pô.

Nous n’eûmes que le temps de planter la tente avant que la pluie se déclenche. Le prix du camping (28 € douches chaudes en sus) nous fit bondir mais le propriétaire se racheta (un peu) en nous proposant de prendre notre repas dans une salle agréablement réchauffée par un poêle à bois.

 

Samedi 13 mai 2017 – Allessandria – 91 km

 

Réveil à 5 h du matin au chant du coq, puis les merles. Ce n’est pas pour nous déplaire.
Il nous fallut d’abord monter – « tout à gauche » aurait dit notre ami Jean Robert, entendez par là en toute petite vitesse - pendant 9 km pour passer un col à 550 m d’altitude. Puis nous traversions une région d’alpages dans un air très pur. En cette période de pleine floraison il neigeait des fleurs d’acacias. Puis ce fut la descente vers la plaine par une petite route longeant la rivière Bormita. 

La rivière Bormita et l'aqueduc romain d'Acqui Terme

 

 A Acqui Terme nous faisions la pause déjeuné devant les restes d’un viaduc romain. Curieusement, plus nous allions vers le nord plus il faisait beau et chaud. Les derniers 40 km furent parcourus bon train sur une route qui n’avait pour attrait que d’être plate.

Une fois de plus nous nous félicitions d’avoir un GPS car le seul camping de la région, à près de 10 km d’Alessandria, n’était indiqué nulle part. Un pré bien moelleux et le bruit du vent dans de grands peupliers. Voilà qui nous changeait de la Riviera et ses campings en bordure de  route.

 

Dimanche 14-lundi 15 mai 2017 -  Pavie – 72 km

Nous rejoignions le Pô à Valenzia. Trajet à travers les grandes cultures, tantôt sur des routes qui nous faisaient danser la javanaise, ce qui veut dire dans notre jargon de voyageurs qu’elles sont en aussi mauvais état que celles de l’ile de Java (voir précédent voyage), tantôt sur la levée de Pô. Ça fait très royal « la levée de Pô ». « Mesdames, Messieurs, c’est l’heure de la levée de Pô du Roi » ! Et en parlant de roi, si je dis Pavie, tout de suite en bon écolier on répond : « François 1er ». Et si vous ne savez pas pourquoi, allez donc réviser sur Wikipedia.

Arriva au camping un couple de cyclo-voyageurs français qui nous fit un cadeau royal : deux rouleaux de PQ qui prenaient trop de place dans leurs sacoches.

 

Pavie est une ville agréable avec son centre entièrement piétonnier, quelques beaux bâtiments et ses hautes tours qui la firent surnommer autrefois la ville aux cent tours. Il n’en reste plus que quelques-unes mais une fresque dans l’église San Theodoro montre la cité telle qu’elle était au Moyen Age.

Pavie c’est aussi la ville de la chaussure si l’on en croit son Musée de la Chaussure Italienne, mais pas besoin de visiter ledit musée pour voir des spécimens tout à fait originaux sinon confortables. Daniel a fini par accepter d’en prendre deux exemplaires exposés en vitrine, mais si j’avais eu un appareil photo personnel, j’aurais fait toute une collection de clichés à défaut de faire des dépenses incompatibles avec la vie de cyclo.


Article rédigé à Trieste le 27 mai 2017

 

 

 

 

 

 

 

Bucetto, ville natale de Verdi

 

Mardi 16 mai 2017 – Bucetto – 98 km

Apprenant que le camping de Crémone était fermé nous cherchions sur Internet une chambre dans nos prix et ce fut à Buceto, rue Nabuco, ce qui va de soi pour le lieu natal de Verdi. Mais nous étions tellement claqués en arrivant dans la soirée que nous ne découvrions le centre de cette jolie bourgade que le lendemain à 8 h avant de reprendre la route.

Nous étions dans la région de Parme. Mais pour qu’il y ait ce fameux jambon qui fait peut-être le délice de vos papilles, il faut aussi des porcheries et nos naseaux en frémirent !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pas de bancs publics pour le pique nique ? Qu’à cela ne tienne, nous sortons nos fauteuils

 

Mercredi 17 – jeudi 18 mai 2017 – Mantoue – 104 km

Le pont que nous pensions emprunter pour sauter par-dessus le Pô étant barré il nous fallut faire un détour. Puis nous nous retrouvions sur une route étroite, sans bas-côtés et bondés de camions, des centaines de bahuts à l’heure qui nous arrivaient au train. Dès que cela fut possible nous nous échappions par une petite route et, louvoyant et tournant en rond, arrivions à Mantoue avec au compteur plus de 100 kilomètres au lieu des 80 prévus.

 

Petite découverte de la belle ville de Mantoue, mais nous tombions un jour de grande foire et il était bien difficile de voir l’architecture derrière les innombrables stands forains et barnums. Il n’y eut donc pas de croquis.

Dans ce camping à la ferme à 4 km du centre-ville, c’est-à-dire un petit carré d’herbe avec vue sur des engins agricoles et des camionnettes, il y avait trois tentes, dont la nôtre. L’une était occupée par un Allemand à vélo qui allait vers le Sud. Il avait « fait » la Carreterra Australe chilienne deux fois. L’autre tente était occupée par deux cyclistes néo-zélandais qui montaient vers le Nord et rêvaient de « faire » un jour la Carreterra  Australe.

Vendredi 19 mai 2017 -  Ficarolo – 81 km

Une piste cyclable assez bien flêchée (EV8) rejoint le Pô puis le longe jusqu’après Ferrare. Mais pour sortir de Mantoue ce fut un peu moins simple et alors qu’on se croit complètement perdu, les jambes nues frôlant les orties entre lesquelles zigzague une sente étroite, soudain un panneau indique qu’on est bien sur la route qui mène de Barcelone à Athènes.

En contrebas de la levée se succédaient des villages agricoles, tous volets fermés, déserts, de nombreux gros bâtiments en ruines, dans une vaste plaine cultivée de blé et de maïs. A notre droite, parfois assez loin, le Pô et ses bancs de sable. A part deux hérons nous voyons très peu d’oiseaux. Il faisait  toujours aussi doux, même lourd par moment sous un ciel qui se chargeait de plus en plus.

Nous atteignions le « village de vacances » de Ficarolo en forçant l’allure, juste avant l’orage qu’annonçaient de fortes rafales de vent. On pouvait camper mais la météo était vraiment pessimiste et le propriétaire des lieux nous conseillait fortement de nous mettre à l’abri dans une caravane, « seulement deux fois plus chère » (sic). Nous nous laissions influencer et une heure après nous être installés le soleil revint dans un ciel limpide.

 

Samedi 20 – dimanche 21 mai 2017 – Ferrare – 30 km

Partis vers 10 h du matin sous un ciel couvert et un temps frais, sur la piste qui suit d’abord la digue, puis sur une allée toute droite moquettée du duvet des peupliers qui la bordent.

Le temps de faire quelques courses dans un supermarché et nous finissions le trajet jusqu’au camping de la ville sous une bruine pénétrante. La ville de Ferrare a fait un effort pour aménager un terrain de camping avec des tables et des chaises abritées vraiment très bienvenues en cette soirée humide. Un autre couple de cyclos hollandais arrivera peu après nous, puis deux hommes français ; l’un d’entre eux à vélo couché. Il n’a plus mal au cul, plus mal aux épaules, plus mal aux poignets et ne jure que par son vélo couché. Nous tournions autour, le faisions parler … Décidément nous rêvons tous les deux de réessayer ce genre d’engins.

 

La ville de Ferrare, classée par l’Unesco, nous déçut un peu. Belle sans doute, mais si austère. Nous lui avons de loin préféré Pavie et même Mantoue encombrée de forains. Les fascicules de l’office du tourisme proclament cette ville la plus fréquentée par les vélos au monde… ! Ils exagèrent tout ces gens du Sud ! D’Italie, peut-être, mais du monde … ?!

Lundi 22 mai 2017 – Chioggia – 100 km

 

Route toute droite, tantôt à gauche, tantôt à droite du Pô, sans ombre et sans intérêt. Il n’y a qu’à se mettre en pédalage automatique.

Mardi 23 – mercredi 24 mai 2017 – Mestre – 36 km + bateau

Pélestrina, île de pêcheurs

 

Nous prenions un premier bateau à Chioggia pour Pélestrina puis pédalions sur une dizaine de kilomètres sur cette île de pêcheurs avant de reprendre un bac pour Alberino, sur le Lido. Belles villas face à Venise, une sorte de petit Vesinet. Et puis nous remontions sur un ferry pour voitures pour rejoindre le port de Venise, le Tronchetto.

Et qu’elle ne fut pas notre surprise quand le ferry – sur lequel nous n’étions pas plus de dix passagers – contourna l’ile de Giorgio Maggiore puis pénétra dans le canal de la Giudecca ! Une vue superbe sur Venise, la place San Marco, le tout vu de très haut comme d’un bateau de croisière. Croisière entièrement gratuite de surcroit puisque nous ne vîmes jamais quelqu’un à qui payer.

L’arrivée sur Mestre fut beaucoup moins agréable. Alors que nous hésitions à nous lancer sur la digue à circulation rapide qui relie Venise au littoral, nous apercevions une piste cyclable de l’autre côté de la quatre voies. Demi-tour par un trottoir jusqu’au premier feu rouge pour la rejoindre. Super ! Les Vénitiens avaient pensé aux vélos.

Un cycliste venant en sens inverse nous dit qu’à l’autre bout c’était plutôt dangereux, que nous devrions peut-être faire demi-tour à nouveau et prendre la route. Nous verrons bien. 4 km plus loin, la piste était barrée. « Chantier ». Rien d’autre à faire que de passer outre et continuer sur cette piste cyclable bien indiquée sur notre carte et qui aboutirait bien quelque part. 

Fin de piste cyclable à l'italienne

Ce fut dans un fossé plein de vase et de boue. Il n’y avait plus qu’à décharger les vélos, les passer eux et nous par-dessus la glissière de sécurité (pas de photos, trop occupés), traverser la quatre voies pour bientôt se retrouver à pédaler sur une étroite bretelle d’accès vers un autre grand axe, camions, bus et tramways au cul. N’importe quoi ! Ces jours-là je déteste l’Italie.

Une journée à marcher dans Venise. Quelques croquis à main levée. Pour la deuxième fois en deux ans nous nous retrouvions place Saint Marc. « Que bella ! »  tout de même.

Les expos d’art contemporains, à défaut de nous avoir  captivés permettent de passer derrière de somptueuses façades et d’entrer dans ces palais glacés et humides à l’intérieur desquels les habitants se perdaient dans un dédale de pièces et d’escaliers. Mais dans une galerie privée les Ménines de Manolo Valdes nous enthousiasmèrent une fois de plus. Un très beau travail qui donne envie de remettre la main à la pâte.

Jeudi 25 mai 2017 – Duno Verde – 60 km

15 km sur un axe à grande circulation avant de rejoindre une petite route le long d’un canal, de tourner, virer et s’énerver avant de trouver la route cycliste menant à Salzburg – pourquoi pas ? -, traverser une station balnéaire dans laquelle on n’a surtout pas envie de « balnéer » puis arriver dans ce camping ombragé et très calme car quasiment désert en cette saison.

Vendredi 26 mai 2017 – Aquileia – 83 km

 

Arrivés sans le savoir dans un lieu antique – avec quelques restes et bouts de colonnes – et surtout lieu de pèlerinage. Une très belle basilique romane du XI et XIIIème siècle, toute en pierre blanche, renferme un sol de mosaïque exceptionnelle – 30 m de long sur 20 m - du IVème siècle, découverte seulement en   1909  lorsque fut ôtée la couche d’argile qui la recouvrait depuis 1000 ans et l’avait ainsi protégée.

Trieste et, au loin, la côte de Croatie

 

Nous voici à Trieste et en avons terminé avec la plaine. En quittant cette Italie où nous nous sommes bouffé des champs de blé et de maïs pendant 600 km nous attaquerons la montagne et ce ne sera peut-être pas coton.

 

Déjà ce matin, surprise : mais pourquoi mon vélo n’avance-t-il  pas aujourd’hui ? Je vérifie si je ne suis pas, par mégarde, sur le grand plateau, si mon frein arrière n’est pas bloqué. A moins que Daniel ne se soit mis en remorque ? Non. Ca monte – un peu- et j’en ai perdu l’habitude.

Coup de frein brutal


UNE SEMAINE EN SLOVENIE

 

Dimanche 28 mai 2017 – Skolpje – 27 km

 

Nous entrions en Slovénie à 9 h du matin et tout de suite il y eut quelques différences. La première, d’une importance capitale pour nous : il y a des toilettes dans les stations-services !

Et puis ce fut la campagne en basses montagnes, des noyers aux feuilles toutes jeunes, des tilleuls pas encore en fleurs – on avait l’impression de retourner trois semaines en arrière dans la saison –, des potagers soigneusement entretenus, des petites prairies fauchées. L’air était plus léger et même si la route était vallonnée et qu’il fallait recommencer à jouer du dérailleur, nous étions contents. Avez-vous déjà pensé au gars qui a inventé le dérailleur ? Moi, j’y pense plusieurs fois par jour. Et il était franchement loin d’être con ! J’espère bien qu’il nous regarde, béat – béatifié même – en baver tout autour du Globe, mais tellement moins qu’avant lui !

Des noyers et des murets de pierres, tout ce qu’on aime.


Le camping de Skolpje est une grande prairie en bordure de rivière comme on aime. Une famille était venue pique-niquer près du moulin. Grande nappe blanche sur une table de bois, musique aux consonances slaves – bien atténuée heureusement par le bruit d’une cascade. Nous avions changé de monde en quelques kilomètres. La langue était devenue imprononçable aussi, ces gens-là oubliant trop souvent l’usage des voyelles.

 

Il y avait également près de nous un couple de retraités anglais. Ils dormaient sous la tente mais avaient aménagé le coffre de leur voiture en véritable coin cuisine de plein air. Curieux, ils vinrent nous demander le pourquoi du comment de notre voyage à vélo. Puis au matin nous buvions le café ensemble. Depuis qu’ils avaient arrêté de travailler ils partageaient leur temps en tourisme l’été en Europe et l’hiver en Tasmanie où c’est alors la belle saison. Pas souvent en famille non plus ces deux-là.

Lundi 29 mai 2017 – Postosnan – 44 km

 

Nous longions d’abord une rivière au nom imprononçable ; la Mrcke, puis rejoignions une route passagère que nous quittions dès que possible. Nous étions alors arrivés sur un plateau à quelques 600 mètres d’altitude, dans un paysage très autrichien. Sur la route roulait d’ailleurs une majorité de véhicules autrichiens et allemands.

 

Mardi 30 – mercredi 31 mai 2017 – Ljubljana – 60 km

 

 

D’après le GPS et le gars du camping de Postoznan, nul besoin de rebrousser chemin pour retrouver la route de Ljubljana. Une route « non bitumée mais praticable et avec très peu de trafic » (sic) nous amènerait à Sutendo. Peu de trafic, c’est sûr ! Nous ne croisions pas grand monde dans cet alpage où nous poussions les vélos au milieu des fleurs champêtres.

 

Le décor était apaisant. Le  genre d’endroit où l’on voudrait se poser pour l’été, en contemplation devant sa prairie. Les villages étaient propres, nickel même, et sentaient la prospérité. Les maisons semblaient toutes avoir été construites moins de dix ans auparavant. Des fleurs, des pelouses, des potagers, mais tout cela tiré au cordeau. Il faisait chaud (29°) mais les barres et crochets à neige sur les toits et les piles de bois de chauffage indiquaient des hivers longs et rigoureux. Nous traversions ensuite des marais jusqu’à Laze puis empruntions une route secondaire bien dessinée sur la carte et qui s’avéra n’être qu’une piste forestière.

Une route secondaire

 

 A partir de Vrlinika nous décidions de rester sur la route principale et c’était le mieux en effet puisque, sur les quelques 15 km qui restaient avant d’atteindre la capitale, elle était presque continuellement doublée d’une piste cyclable.

Réparation d’une crevaison à l’ombre d’un hangar. La dernière fois c’était il y a un an jour pour jour, non loin de Bryce Canyon.

La ville de Ljubljana est sillonnée de pistes réservées aux vélos, et comme dans toutes les villes de ce genre, les cyclistes font n’importe quoi, ne savent pas se servir d’une sonnette et zigzaguent entre les piétons et les cyclos lourdement chargés, les vrais. Le camping est situé à 4 km de la ville et occupé principalement par des Autrichiens et des Allemands.  Un couple de cyclos allemands de notre âge s’installa à côté de nous. Ils remontaient vers le Nord, vers Linz où nous étions passés en 2013 lorsque nous avions suivi le Danube. Un peu plus loin un marcheur aux cheveux blancs lui aussi avait planté sa mini guitoune.

 

Située dans l’une des rares régions planes de Slovénie, Ljubljana est une capitale en miniature (moins de 300 000 habitants) au centre entièrement réservé aux piétons et aux cyclistes, pour un pays peuplé seulement de 2 millions d’habitants.

Mais c’est peut-être le moment de réviser un peu.

« Avec sa petite économie de transition et une population d'approximativement deux millions d‘habitants, la Slovénie fut un modèle de succès économique et de stabilité pour ses voisins de l’ancienne Yougoslavie.

Le pays, qui a rejoint l’Union européenne en 2004, possède une main-d’œuvre de très bon niveau, un emplacement géographique stratégique et des infrastructures de bonne qualité.

L'économie slovène se caractérise par l'élevage, l'exploitation forestière et le tourisme en particulier dans le nord-ouest. Le sous-sol possède du plomb et du zinc. Plus à l'est, le relief s'abaisse, et c'est dans cette région que les industries sont les plus développées (aluminium, métallurgie, construction mécanique, charbon, centrale thermique, textile). La capitale, Ljubljana, vit surtout du secteur tertiaire. Vers le sud, le haut Karst est largement boisé avec une agriculture peu développée.

 

La Slovénie fait partie de la zone euro depuis le 1er janvier 2007.» (Wikipedia)

Jeudi 1er juin 2017 – Prebold – 61 km

Nous délaissions sciemment les routes secondaires qui, nous le savions, ne seraient que des pistes et qui, nous le voyons, partaient à l’assaut de pentes abruptes. La route principale, doublée d’une autoroute très chargée allait être à peu près tranquille, passant dans une vallée de plus en plus étroite, puis après un petit col, redescendant dans une large plaine à houblon.

Patates, blé et houblon, ne manque plus que de quoi faire du saucisson pour une super soirée

 

Dommage que nous n’aimions pas la bière, les troquets se succédaient de façon impressionnante dans les petites villes traversées.

Au Nord Est, sur notre gauche, se dressait une barre rocheuse de 2 000 m d’altitude parsemée de plaques de neige tardives.

A 13h30 nous avions atteint la fin de l’étape prévue. Nous aurions pu continuer encore un peu mais outre qu’il faisait vraiment chaud, la prairie ombragée d’un petit camping invitait à la sieste. Nous flemmardions si bien que ce furent les grondements d’un orage imminent qui nous décidèrent à reprendre les vélos et foncer vers le supermarché le plus proche.
Bien difficile de faire les courses. Outre qu’il n’y a quasiment pas de conserves et encore moins de plats tout prêts, rien – ni descriptif ni mode et temps de cuisson- n’est indiqué en une langue quelque peu compréhensible par nous (Anglais, Allemand ou Italien). Nous sommes dans un monde slave et bien qu’en Union Européenne, les seules traductions sont en Slovène, Hongrois, Serbe et Tchèque. Nous goutions tout de même le gâteau traditionnel du coin, une sorte de beignet fourré de confiture, pas de quoi tomber en pamoison. Mais heureusement il y a Liddle ! Et tant que nous avons du pain et du chocolat de chez Lidle le moral des troupes reste bon.

Nous rentrions juste avant l’orage et profitions de la cuisine et d’une table à l’abri pour dîner. Et la nuit commença, comme d’habitude, dans le vacarme des camions sur l’autoroute non loin. Car la Slovénie est un nœud autoroutier entre l’Europe du Sud et du Nord, de l’Est et de l’Ouest. Plus de camions que d’habitants dans ce pays.

 

Vendredi 2 juin 2017 – Padocetrek – 50 km

Une seule route avec beaucoup de camions mais dès qu’il y en avait un nous roulions sur le trottoir. Et puis au km 39 une belle piste cyclable se mit à suivre la route et une petite voie ferrée dans une jolie vallée très verdoyante.

Nous aurions dû nous douter qu’elle ne pouvait mener que dans un lieu de vacances. Et ce fut l’horreur, l’immonde, la laideur même dans cette mignonne vallée bousillée. Si l’appellation « thermes » dans notre imaginaire français évoque une petite ville pour résidents vieillissant et rhumatisant, des infrastructures et des jardins promenades un peu désuets – genre Gréoux les Bains ou Bagnères de Bigorre -, ici c’est cela :

Et moi qui déteste ce genre d’endroits, dont les poils se hérissent et la coquille se referme, j’ai accepté de payer (trop cher) pour y planter la tente ! Notre guitoune était entourée d’énormes caravanes et camping-cars occupés par des gens tout aussi énormes qui nous regardaient avec l’air de penser : « mais qu’est-ce qu’ils font là ces deux minus ? »

Samedi 3 juin 2017 – Krizevci – 93 km

Nous quittions les lieux avant même que les gros ne soient réveillés et ce fut encore une belle piste cyclable sur une dizaine de kilomètres, le long de la frontière croate. Puis il y eut un petit col à passer, raide mais bref, et ensuite une jolie route campagnarde verdoyante, de village en village.

A Brek nous nous offrions un bon café-crème en terrasse. Il faisait si bon, la route était si tranquille et agréable que nous nous sentions en balade heureuse. 

Un peu plus loin, alors que nous observions avec bonheur nos premières cigognes, un couple d’Allemands retraités, vélos chargés, vinrent à notre rencontre. Ils étaient partis depuis deux mois pour un an, voire plus. Vélos et sacoches étaient neufs, autant que les muscles de la petite dame qui semblait redouter la moindre côte.

 Nous échangions des informations et apprenions que le camping de Ptuj où nous pensions nous arrêter ce jour coûtait 36 € ! Aussi ignorions-nous Ptuj -pfutt ! tntpis- (dommage que nous quittions la Slovénie bientôt je commence à écrire Slovéne) et décidions de continuer jusqu’au prochain camping de Banovci, 35 km plus au Nord. Il y avait eu dans la matinée un marathon de cyclistes à Ptuj. Les retardataires arrivaient en contresens et la route fermée à toute autre circulation n’était plus que pour nous, tranquille et plaisante.

 

 Nous tentions de faire quelques courses pour le dîner. Surprise ! Dans cette région les supermarchés sont fermés le samedi après-midi. Au camping-hôtel-restaurant des thermes de Banovci nous fut annoncée la couleur : pour deux personnes et une tente sur un parking, c’était 33 € ! En outre il y avait un mariage au restaurant ce soir-là, ce qui signifiait une nuit blanche à coup sûr. Impossible. Une si bonne journée ne pouvait pas finir aussi mal ! Malgré la fatigue qui commençait tout de même à se faire sentir nous refaisions les cinq kilomètres vers le village précédent où nous avions vu une pancarte « Sobe-Zimmer-Room ». 35 € la chambre. Pas une seconde d’hésitation. Un 3B -Borek sachant Bourrer sans Barbouiller- + une Banane  (ce qui nous fait donc un 4B)constituèrent un dîner fort acceptable sur une terrasse avec chaises confortables (ce soir là j’avais mal au cul et rêvais d’un vélo couché). Nous achetions également des petits pains au sésame pour le petit déjeuner du lendemain et le vendeur nous en rajouta deux gratis. Je savais bien que cette journée ne pouvait que bien se terminer, pensai-je en m’écroulant sur un bon lit.

Le lendemain dimanche, dès 7 h du matin, le curé appelait ses ouailles à la messe et le supermarché ouvrait ses portes. A 7h30 il y avait déjà la queue à la caisse. Les Slovènes ne sont pas des lève-tard. Il est vrai qu’il faisait déjà tellement chaud qu’on ne restait pas en plein soleil.


Article rédigé le 18 juin 2017

 

Dimanche 4 juin 2017 – Lenti – 38 km

 

Au 2 200 ème kilomètre depuis St Céré nous passions enHongrie par une petite route. Un simple panneau et un changement de bitume nous le signalèrent. A la première station-service nous achetions une carte routière.

Voici donc le pays des Magyars, toujours appelé par les locaux le Magyaristan, du nom des hordes de guerriers à cheval venus de l’Oural qui, dans les années 800, déferlèrent tels des Huns semant l’épouvante dans la région et s’y installèrent.

 

La première petite ville rencontrée était une station thermale. Encore ! Oui, mais une vraie, avec un hôtel des Thermes, des jardins et des fontaines. Nous évitions le Camping des Thermes, considérant avoir déjà donné, et trouvions un étang de pêche avec quelques bungalows, des pêcheurs – ce qui va de soi – des petites familles venues pique-niquer et des emplacements de camping sous de grands saules.  Voilà qui nous allait bien. Malgré le grand vent qui s’était levé il faisait chaud et le peu de monde qu’il y avait était assoupi. Sauf les pêcheurs. J’observais l’un d’entre eux. Il était débordé. Pas question pour lui de méditer en regardant les ronds dans l’eau. De son siège pliant il avait à surveiller quatre cannes posées sur des trépieds plus une cinquième armée d’une petite boite  pleine d’une espèce de poudre qu’il lançait régulièrement et ramenait vers le rivage, sans doute pour attirer le poisson vers son coin plutôt que celui du copain installé un peu plus loin. Il n’avait pas fini que l’une de ses cannes sonnait. Ça avait mordu ! La prise ramenée sur la berge il fallait lui ôter l’hameçon de la gueule avec précaution pour la remettre à l’eau. Puis remplacer l’appât, relancer la ligne, répandre à nouveau de la poudre de Perlimpinpin et une autre canne ne tardait pas à appeler. Au rythme d’une prise toutes les dix minutes, systématiquement remise à l’eau, je fus rapidement convaincue que la pêche à la ligne en bordure d’étang n’est pas un sport de tout repos. 

Mais le vent forcit et nous nous réfugions dans la tente pour ne ressortir faire cuire nos pâtes que quand il se mit à pleuvoir

Lundi 5 juin 2017 – Keszthely (Balaton) – 72 km

Les prix étaient devenus plus doux et nous nous sentions plus à l’aise. La langue aussi était plus facile à mémoriser.

 

arrivée sur le lac Balaton

Après 70 km d’alternances de creux et de bosses, de cultures et de forêts, nous arrivions sur les bords du lac Balaton, le plus grand lac naturel d’Europe Centrale (600 km2, 78 km de long, 12 mètres de profondeur).

Nous nous étions fait avoir par ce lundi de Pentecôte, jour férié. En fait nous n’avions même pas réalisé que c’était la Pentecôte. Et tous les magasins étaient fermés. Pas grave. Nous avions encore des pâtes et une boite de sardines à la tomate, ce qui changerait du repas de la veille puisque nous avions diné de pâtes et de sardines au citron.

Notre intention était de suivre la rive NO du lac par la piste cyclable. Mais elle s’éloigna bientôt de la berge et nous ne voyons finalement pas grand-chose. 

La poste de Badacsony est minuscule et le postier très enfermé dans sa cage. J’avais un dossier de demande de retraite à expédier ( !...)

Le postier : - « France ? Macron, gut ? »

Moi : – « Hmmmmm… », yeux au ciel, menton levé, paume des mains tournées vers le haut, ce qui signifie à mon sens « peux pas dire, on verra bien, qu’est-ce que j’en sais … »

Le postier : - « Macron, nicht gut ! Le Pen gut ! »

Ayant épuisé tout notre vocabulaire commun je sortis de là en me disant : « de quoi il se mêle cet Ostrogoth ? ». Mon dossier arrivera – t-il avec un postier pareil ?

 

Orage sur le lac Balaton

 

Il a plu toute la nuit, avec de grosses bourrasques de vent. Il plut encore un peu au matin et nous nous mettions en route seulement vers 10 h. Étonnamment la tente avait réussi à sécher. Quelques courses à la COOP du coin.

 A midi pique-nique sur un banc au bord du lac et nous nous faisions encore une fois la réflexion combien les Hongrois sont froids . Pas désagréables mais pas de saluts, pas de sourires, comme si c’était la politesse même d’ignorer celui que l’on croise.

 

Le ciel s’obscurcit à nouveau au-dessus de nos têtes tandis que le lac et la rive opposée étaient en plein soleil. Il n’était pas plus de 14 h mais nous nous arrêtions tout de même. Des nuages de minuscules moustiques obligeaient à marcher en faisant des moulinets avec les bras pour ne pas en avoir trop sur le visage. Incroyable ! Jamais vu autant. Mais comme tous les campeurs semblaient les ignorer nous faisions de même et prenions le café sur la berge. Puis un grand vent se leva, glacial, chassant tous les insectes et nous obligeant à trouver refuge dans la tente. Nous avions perdu au moins 20 ° en 24 heures.

Au bout de quatre jours il était temps de quitter le lac Balaton qui nous ennuyait un peu.

Vendredi 9 juin – Zirk – 42 km

 

Il n’y a qu’une route pour aller vers Gyor. Une route pas très large qui vient du Nord, de Bratislava et Vienne, avec une circulation rapide de camions, bus et voitures, et grosses bécanes. Je crois bien avoir vu – et entendu – plus de Harley Davidson que sur la route 66 aux USA.

le motard du lac Balaton(o)
le motard du lac Balaton(o)

Samedi 10 – dimanche 11 juin – Gyor – 65 km

Encore 10 km sur cette route 82 et nous bifurquions par la droite pour continuer plus tranquillement par des  villages un peu tristes mais aux trottoirs tout plantés de cerisiers pour nos desserts et de bancs publics pour la pause.

le château de Csesznek

 La pluie menaçait, nous arrosa même un peu, mais nous atteignions Gyor sous le soleil, face à un fort vent du Nord. Nous avions rejoint l’Euro Vélo 6, cet itinéraire cycliste qui relie St Brévin à la Mer Noire, et rencontrions à nouveau des vélos chargés. Un couple de Hongrois de Budapest vint nous parler. C’était leur premier voyage à vélo. Leur dernier enfant enfin parti (ouf !) ils goûtaient leur liberté et visaient Bruxelles pour un premier périple.

 

C’est à Gyor qu’un moine bénédictin inventa l’eau gazeuse et une fontaine honore sa mémoire.

Nous étions déjà venus ici lors de notre Toulouse-Istanbul-retour-par le Danube en 2013. Début août il faisait plus de 40° et il y avait un monde fou dans les campings.
Bien qu’il ne fasse pas si chaud en ce début juin nous retrouvions les Hongrois toujours aussi gourmands de glaces. Ils en mangent à toute heure du jour, il y a la queue devant les étals et nous nous sommes empressés de les imiter, histoire de vivre l’intégration comme il faut.

A Moson Magyarovar nous prenions le temps d’un pique-nique sur un banc, puis d’une glace supplémentaire, d’acheter un gâteau pour le goûter et une bouteille d’Ouzo pour l’apéro (une trouvaille que nous ne laissions pas passer !) avant de changer nos derniers Forints hongrois. Nous aurions aussi pu nous faire soigner les dents s’il en avait été besoin. En effet les nombreuses enseignes de dentistes montrent que c’est ici que les Autrichiens viennent se faire soigner, les prix étant sans doute moins excessifs que dans la zone Euro.

Sur le pont de Magyarovar

l’Euro Vélo 6 sur une digue du Danube peu avant Bratislava

 

Mardi 13 juin 2017 – Bratislava – 40 km

Le camping de Bratislava est situé au bord d’un lac tout à fait au Nord Est de la ville et il fallut traverser 10 km de zone urbaine dont plus de la moitié sur des trottoirs défoncés tenant lieu de pistes cyclables. Les installations sanitaires y sont vieillottes et, comme dans tous les campings depuis notre entrée en Hongrie, très communautaires. Deux rangées de douches face à face, la plupart du temps sans rideaux, un unique banc pour poser fringues et petites culottes, et tout le monde à poil, hommes et femmes séparés tout de même.

Nous y rencontrions – pas dans les douches mais cela aurait pu – une Française à la retraite qui avait tout largué et se baladait dans son petit van à travers l’Europe. L’idée de l’Asie en hiver la tentait. Sur les portes des placards de son fourgon, des cartes postales représentant des peintures de Nicolas de Staël et Modigliani. Dans les placards, des livres, dont le « Narcisse et Goldmund » d’Hermann Hesse. Nous avions des points d’intérêts communs.

Bratislava, petite capitale de 450 000 habitants de la Slovakie (environ 5 millions d’habitants) ne sut pas nous retenir plus d’une après-midi et nous reprenions la route dès le lendemain matin.

Mais révisons un peu  : la Slovaquie fait partie de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004. L'euro est sa monnaie depuis le 1er janvier 2009.

Ses pays frontaliers sont la Pologne au nord, l'Ukraine à l'est, la Hongrie au sud,l'Autriche au sud-ouest et la République tchèque au nord-ouest.. Du 28 octobre 1918 au 21 mars 1939puis du 4 avril 1945 au 31 décembre 1992, elle a fait partie de la Tchécoslovaquie

 

 

La Slovénie et la Slovaquie sont souvent confondues, car les noms Slovenská Republika (qui signifie République slovaque en slovaque) et Republika Slovenija peuvent prêter à confusion dans de nombreuses langues. Chaque année, un poids considérable de courrier mal acheminé est à réexpédier vers la Slovénie (600 kg en 2004). Cette confusion fait que le personnel des deux ambassades se retrouve chaque mois pour échanger le courrier mal adressé.(Wikipédia)

Mercredi 14 juin 2017 – Male L. – 73 km

 

Cette fois-ci notre voyage allait nous mener vers des pays d’une Europe inconnue de nous, la Slovakie et la Tchéquie, et nous nous dirigions plein Nord en suivant l’itinéraire de l’Euro Vélo 13 dite du Rideau de Fer, vent dans le nez ce qui nous fit comprendre soudain pourquoi la plupart des itinéraires sont balisés Nord-Sud et pas dans le sens où nous avons trop souvent l’habitude de les prendre. Nous commencions par longer le Danube rive gauche jusqu’à sa rencontre avec la Moravie dont une forteresse moyenâgeuse gardait jadis le confluent. 

Puis l’itinéraire suit cette rivière qui fait frontière avec l’Autriche, par des petites routes, autrefois à usages militaires, complètement désertes, excepté quelques vélos. Nous faisions une tentative dans un « Buffé spécial cyclistes » pour changer notre menu trop répétitif mais à la vue d’une assiette destinée à un consommateur décidions que c’était sûrement trop gras et lourd pour nous et allions manger notre bol de céréales + bananes dans un chemin ombragé avec vue sur un blockhaus.

Dans les années 70 le livre d’André Brugiroux, « La Terre n’est qu’un seul pays » faisait partie de nos livres de chevet. Aujourd’hui l’Europe n’est qu’un seul pays, pour notre plus grand bonheur à TOUS, ce que certains oublient parfois.

 Le camping du soir était cette fois-ci près d’un petit lac artificiel. Nous n’avions pourtant pas fait une très longue ni une très pénible étape mais nous étions fatigués et ce fut l’occasion de goûter un Kofocola – ou Coca Cola Slovaque – servi à la pression qui n’a du Coca que la couleur et les bulles.

Nous serons seuls dans le camping ce soir-là.

 Jeudi 15 Juin 2017 – Straznice (Tchéquie) – 84 km

 Une petite étape prévue. Seulement 35 km. Pépères nous ne partions que vers 10 h après avoir profité de la Wifi du camping pour préparer notre itinéraire des jours à venir.

 

 Même si cela nous prenait un peu la tête, nous cherchions des petites routes, qui rajouteraient quelques kilomètres mais nous avions le temps. Le paysage vallonné rappelait le nord de la France – cultures de maïs, blé, betteraves– les villages peut-être un peu moins coquets et des vitrines moins alléchantes, c’est sûr.

des boutiques peu engageantes, mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, bien ouvertes et achalandées

Nos petites routes n’hésitaient pas à grimper tout droit en haut des collines puis redescendre dans les vallons avant d’attaquer la prochaine colline, mais la récompense nous attendait parfois au sommet. 

Les routes de cette région sont bordées de gros cerisiers couverts de fruits.

La vue portait loin vers l’Ouest sur les montagnes autrichiennes bleutées. 

Et puis il y eut le Tilleul de Radimov qui nous fit mettre pied à terre. On le dessine ? Nous avons tout notre temps n’est-ce pas ? Et nous sommes presque arrivés.

Il y eut un MAIS dans l’histoire de la journée. MAIS le camping convoité pour la fin de l’étape n’existait plus. Qu’à cela ne tienne. Nous ne sommes qu’à 6 km de Holic où nous trouverons bien un petit hôtel. A Holic un homme nous renseigna bien volontiers. On trouverait plus facilement à Skalica, petite ville touristique à 6 km seulement et où il y avait plein d’hôtels. « Cheap hotels ? » - « No, no ! No cheap ! » - « Ah Expensive ? » « - No, no ! not expensive at all !” (!?...)

 Allons-y. Mais après une heure de recherche il fallut bien admettre que tous les hôtels de Skalica étaient complets, sauf un pas « cheap » du tout. La frontière tchèque n’était qu’à 7 km. Allons voir en Tchéquie… Et c’est ainsi que nous changions encore une fois de pays sans nous en être aperçu. Les copains cyclos comprendrons le plaisir à la fin d’une étape de rajouter 6 km, puis encore 6, puis encore 7, etc… Des suppléments qui généralement usent les nerfs de l’équipe.

Skalica, la dernière ville de Slovakie

 

Strasnice (CZ) un panneau « camping » nous interpella. Un homme nous expliqua en Allemand. C’était facile à trouver, juste à côté du terrain de foot, à 2 km. En effet, il y avait là l’entrée d’un parc. « Camping ? » une femme nous fit signe d’y aller. Des WC  étaient fermés devant une pelouse et nous pensions déjà planter la tente là. Un peu plus loin, après une deuxième entrée, nous nous trouvions devant un gros château. Mais oùc’qu’onest ? 

 

 

Une femme sortait d’une allée étroite entre deux corps de bâtiments. « Camping ? » - « Oui par là… » et soudain nous nous trouvions dans un terrain entouré de bungalows, avec pleins de caravanes et tentes dans le milieu, un restaurant au fond, bref un monde fou. A se demander ce que tous ces gens faisaient là. Personne à la réception. Il était plus de 20 h. Il était temps de monter la tente, faire cuire le riz et nous effondrer sur les matelas, sans oublier les boules Quies car tout ce petit monde avait apparemment l’intention de jacter tard dans la soirée.

Vendredi 16 – samedi 17 juin 2017 – Radejov – 10 km

Il plut un peu au petit matin. Nous attendions que la tente sèche pour plier juste avant un orage. Le temps de faire les courses et nous partions vers l’Est en suivant l’un des nombreux itinéraires cyclistes de la région. Raplapla. Pas d’entrain. Une heure plus tard nous nous arrêtions à la réception d’un camping et payons pour un emplacement (7€). Puis nous nous ravisions. Le temps était incertain, nous étions fatigués (sans raison d’ailleurs), offrons-nous un peu de confort, en l’occurrence un bungalow pour 13,50 €. On ferme la porte et l’on est chez soi, à l’abri du vent, de tous les sons, les enfants qui jouent, le bricoleur qui tape sur son marteau, et du reste. Ça fait du bien de temps en temps de troquer la tente contre une cabane

 

Nous avons voulu suivre un itinéraire fléché avec les vélos vides. Evidemment nous ne l’avons pas trouvé, mais comme avec un GPS on s’y retrouve toujours nous avons insisté et avons emprunté des chemins empierrés, puis des sentes à peine tracées, pour, quand nous avons enfin rejoint le balisage décider de rentrer le plus directement possible car nous étions gelés. Le temps avait en effet complètement changé et il faisait gris avec un vent froid. La route était à nouveau toute bordée de cerisiers. Un bonhomme était en train de grappiller.

 

«  – C’est bon ! Mangez-en ! Chez Liddle c’est payant, ici c’est gratuit ! » Il parlait un peu Anglais car il avait autrefois travaillé en Algérie… Ah ! Evidemment ! Tout s’explique ! Nous n’osions pas tout de suite sortir un sac en plastique mais faisions notre récolte un peu plus loin. Nous faisons une orgie de cerises.


En Moravie tchèque, du 18 au 26 juin 2017

 

Dimanche 18 juin 2017 -Ostrozka Nova Ves – 35 km

 

 

Vnorovi nous étions arrêtés par une procession qui s’arrêtait devant certaines maisons où le prêtre faisait une bénédiction et les cuivres une aubade. Les fidèles suivaient si pieusement et silencieusement que nous avons tout d’abord cru à un enterrement. Mais non, tous étaient sur leur 31. Le moment était grave c’est tout. Nous n’étions pas seuls à suivre avec nos vélos. Des femmes étaient venues avec le leur, des enfants aussi.

C’est qu’en Tchéquie tout le monde semble avoir un vélo, pour faire les courses, aller à l’église, au jardin, à l’école, au bistrot, se promener le dimanche, et les rues, et même parfois les routes allant de village en village, sont la plupart du temps doublées de pistes cyclables. 

parking de maternelle

piétons, vélos et tondeuses, à gauche

 

Comme nous nous étions encore une fois perdus en voulant suivre un balisage nous nous retrouvions à nouveau derrière la procession que nous avions réussi à dépasser un quart d’heure avant.

Nous suivions et traversions des canaux. 

pont spécialement conçu pour piétons et cyclistes

Un homme nous apostropha. « Ah ! Comme j’aimerais faire comme vous avec ma femme ! » Quand il va lui dire cela entre deux cuillères de goulasch, elle va peut-être s’exclamer : « Quelle horreur ! Et ma vaisselle ? Et mes bibelots ? Et les bijoux de ma mère ? »

 

Nous atteignions le camping de Ostrozka Nova Ves en début d’après-midi en même temps qu’une cinquantaine de cyclos sportifs slovakes qui roulaient, avec voiture balai et de police, pour une œuvre caritative. Je ne réussis pas à comprendre laquelle. C’était un peu la foire autour du restaurant-buvette mais l’emplacement pour tente étant tout au bout du terrain – et nous étions les seuls campeurs – nous passions tout de même une soirée calme. 

Mais si nous révisions un peu : La République tchèque, ou Tchéquie en forme courte est un pays d'Europe centrale sans accès à la merentouré par la Pologne au nord-est, l’Allemagne au nord-ouest et à l’ouest, l’Autriche au sud et la Slovaquie au sud-est. Les Tchèques, « peuple de Čech », du nom d'un chef mythique, arrivent au vie siècle lors des grandes invasions, en Bohême, contrée qui tient son nom du peuple celte des BoïensQuand, en 1918, les Slaves de l'Ouest s'émancipent de la tutelle austro-hongroise (les Slovaques ont passé mille ans sous la domination hongroise et les Tchèques près de quatre siècles sous celle de souverains allemands, notamment les Habsbourg), le nom du nouveau pays devient la Tchécoslovaquie 

Regroupant les régions historiques de Bohême, de Moravie, et une partie de la Silésie, la République tchèque naît formellement le 1er janvier 1969 de la fédéralisation de la Tchécoslovaquie. Elle est indépendante depuisle 1er janvier 1993  La République tchèque est membre de l’OTAN depuis le 12 mars 1999 et fait partie de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004.

(Wikipedia)

Lundi 18 juin 2017 – Nivnice – 25 km

 

Nous apprécions tous les jours l’existence dans les campings de cuisines bien équipées et de tables. Pour le même prix nous avions ce jour-là  également accès à la piscine, mais outre qu’il y avait trop de monde à notre goût, nous leur laissions volontiers une eau à 20°. Il aurait fallu au moins 6 ou 7 ° de plus pour notre confort. Nous nous étions encore une fois fait avoir par les horaires des magasins. Et quand nous nous sommes pointés à 17 h 15 au supermarché la porte était close. En revanche nous pourrions aller chercher de quoi petit-déjeuner dès 6h30 le lendemain matin. On est matinal dans le pays.

Nous nous trouvons décidément à l’aise – problèmes d’horaires mis à part – en Tchéquie, un petit pays bien aménagé, aux villages propres et coquets, avec jardins publics, aires de jeux pour enfants, tables et bancs de pique-nique un peu partout, pistes cyclables , je l’ai déjà dit, nombreuses. Les Tchèques sont plutôt souriants et nous sommes surpris de constater combien nombreux sont ceux qui parlent Anglais ou Allemand.

 

Si nous traînions un peu dans la région c’est que nous voulions essayer d’autres vélos. 

Mercredi 21 juin 2017 – Korycani – 62 km

Réveillés bien avant 4 h du matin par un concert d’oiseaux. Il faisait presque jour mais il était tout de même un peu tôt pour se lever. Puis une petite pluie nous fit flemmarder encore un peu. Nous prenions la route à 7 h 30, sous le soleil.

Belles côtes aujourd’hui et nous traversions un massif planté d’une belle forêt de hêtres. 

pause café de 10 heures sur la place de Bucovice

 

 De pistes cyclables en petites routes, c’est un paradis pour cyclistes – sauf les côtes !-. Toujours autant de tilleuls sur le bord des routes - cela embaume – tous en fleurs, superbes, pas rouillés ni piqués, et bien entendu pas plus ramassés que les cerises. Nous ferions fortune à la foire au tilleul de Buis-les- Baronnies. Noyers et néfliers nous feront également souvent la haie d’honneur.

néfliers au bord des routes

La gérante du petit supermarché où je fis les courses du jour était asiatique. Et j’ai eu une bouffée de sympathie pour elle. Nous avons pris l’habitude d’acheter dans la matinée un gâteau pour notre pause-café. Pas de problème d’approvisionnement, les villages sont nombreux, espacés parfois d’une dizaine de kilomètres seulement, et il y a toujours un petit supermarché souvent tenu par un couple de Chinois.

Jeudi 22 – vendredi 23 juin – Brno – 80 km

Nemovice – Nesovice – Nejovice – Bucovice … de vice en vice et de côte en côte nous avons gagné Austerlitz. Pas la gare où l’on prend le train pour Rocamadour, non, la bataille, la vraie, dans cette grande plaine très ondulée où, en décembre 1805, trois empereurs, l’Autrichien, le Russe et le Français, ont mis leurs hommes face à face avec l’ordre de s’entretuer.

30 000 morts pour rien sans compter les civils qui, à cause du gâchis, connurent la famine. Mais l’Histoire en a l’habitude. A Slavkov (nom tchèque d’Austerlitz) nous retrouvions donc Napoléon pour la deuxième fois, la première, c’était à Bratislava. On aurait préféré qu’il voyage en touriste. Ces rencontres donneraient presque envie de faire la Retraite de Russie à vélo, mais en été, ce serait plus gai.

Nous avons pour l’instant poussé le devoir jusqu’au monument commémoratif au sommet d’une colline – une de plus – mais avons préféré y boire un coca bien mérité par cette chaleur plutôt que de visionner dans le musée une reconstitution de la bataille. Notre patriotisme a ses limites.

Par 20 km de pistes cyclables nous avons contourné la ville de Brnoet atteint le lac au bord duquel nous devions trouver plusieurs campings. En fait nous n’en trouvions qu’un, bien plus loin que prévu. Il y avait un monde fou sur les berges, venu se baigner, pique-niquer ou boire une bière à l’ombre. Il faisait vraiment très chaud. A 18 h 30 nous plantions enfin la tente, fourbus par la chaleur et les bosses, sous un ciel de plus en plus orageux. Il y n’y eut pas moins de trois gros orages avec fortes bourrasques de vent dans la nuit.

Balade le lendemain dans le centre-ville de Brno.

Samedi 24 juin 2017 – Vir – 55 km

Que les côtes sont raides dans ce pays ! 

Nous suivons l’Euro Vélo 4 qui relie Kiev à Roscoff dont nous avons pu copier le tracé sur le GPS, mais que personne ne semble connaître en Tchéquie. Cependant notre itinéraire se confond souvent avec l’un des innombrables circuits cyclistes régionaux. Il existe même un atlas routier avec tous les balisages vélos du pays. Nous l’avons acheté et depuis nous ne nous perdons plus.  C’est une véritable toile d’araignée très bien tissée et numérotée. On peut aller partout, absolument partout, en suivant l’un de ces balisages, par des pistes cyclables ou des petites routes.

Les balisages vélos sont en rouge, cela fait des milliers de kilomètres

 

La journée avait  démarré lentement. Dany s’aperçut dès les premiers tours de roues qu’il avait un problème de freins. Dans un abri bus muni de bancs le vélo fut déchargé et les patins changés. De ce fait il était l’heure de la pause-café et nous nous arrêtions à nouveau 1 km plus loin. Puis nous nous souvenions que c’était aujourd’hui samedi et qu’il fallait faire les courses pour deux jours avant midi. En effet la plupart des magasins ferment du samedi après-midi au lundi matin. Villages et petites villes sont alors complètement déserts pendant un jour et demi.

 

Peu après Tisnov – nous n’avions parcouru que 20 km – nous nous arrêtions pour déjeuner à l’ombre d’un tilleul tandis que la tente séchait, étalée sur la pelouse en plein soleil. Nous faisions le détour pour voir l’église de plus près, construite au sein d’un ancien monastère fortifié. Dans la cour étaient rassemblés les invités d’un mariage. En short et en liquette transpirante nous nous faufilions au milieu de tous ces tchèques en blanc (Bof ! peut mieux faire) pour aller admirer le tympan de style roman qui nous donna la nostalgie de ceux de Beaulieu/Dordogne et Carennac que nous considérons comme nôtres. A l’intérieur de l’église, du baroque, comme partout dans ce pays.

Névédice, alors que nous consultions carte et GPS, un cycliste nous fit comprendre que par la petite route c’était très raide et par la grande un peu moins. Nous n’avions vraiment pas envie de rouler sur une route à grande circulation et options pour la première solution. Il y avait de l’ombrage, nous étions seuls mais ça montait vraiment très dur au point de pousser les vélos à plusieurs reprises. A Smrcek (à lire à voix haute) une photo montrait les lieux sous la neige en hiver. Nous avions l’impression d’être en pleine montagne et pourtant l’altimètre n’affichait pas les 500 m. 

Bistryce il fallut encore grimper pendant 3 km. La route était barrée pour travaux mais à vélo ça passait. Et puis nous nous trouvions nez à nez avec les engins qui venaient de déverser du goudron sur la chaussée. Les ouvriers nous interdirent d’enfourcher les vélos. Et nous marchions pendant 2 km sur un goudron chaud et collant. Berk ! Enfin dans le creux d’un vallon, le camping. J’ai su tout de suite que nous n’y serions pas à notre place. La jeune femme qui nous reçut fut très aimable et nous expliqua en Anglais qu’il allait y avoir dans les lieux un festival de musique 24h/24 à partir du lendemain et pour une semaine. Deux mille personnes étaient attendues dans la soirée ou dans la nuit, avec des camions, caravanes et des tentes. Nous pouvions toutefois camper gratuitement. –« Non, merci, c’est gentil mais, on a beau être crevés, même gratuitement ce n’est pas possible ». Le village de Vir n’était qu’à 3 km où nous trouverions une « pension » et un hôtel. La route était jolie qui longeait la rivière et des prés sur berges où nous aurions pu bivouaquer mais ils étaient tous réquisitionnés pour le festival. A Vir nous trouvions la pension. 16 € pour deux, douches et sanitaires communs, cuisine à disposition. Super ! C’était un bâtiment tout en longueur avec une trentaine de chambres alignées de part et d’autre d’un couloir. Habitaient là des ouvriers, rien que des mecs, qui nous regardèrent un peu comme des intrus.

 

Vir est un véritable village de montagne niché dans une vallée encaissée au pied d’un lac artificiel. 

Dimanche 25 juin 2017 – Tri Sudné – 56 km

Impossible de faire demi-tour vers Bistryce, la route étant cette fois-ci complètement coupée. Il ne restait plus qu’à continuer vers le NO et longer le lac de Vir pendant 10 km jusqu’à Dalecin. Et nous ne le regrettions pas. Cette petite route était interdite à tous véhicules, sauf les vélos. Nous roulions donc dans une grande paix ponctuée de chants d’oiseaux à travers une forêt de bouleaux, de pins et de mélèzes – et oui !  des mélèzes à 500 m d’altitude – avec de belles perspectives sur le lac.

 

C’était tellement bon que nous pédalions très lentement pour que ça dure plus longtemps. Même à la sortie du lac le paysage resta très beau et la route quasiment déserte. Les villages s’égrenaient, avec quelques belles maisons de bois bien rénovées. Tous ces villages sont desservis par des lignes régulières de bus.

fauteuil, table et bouquet de fleurs… Un abri-bus tellement cosy qu’on espérerait presque le bus soit en retard

 

 Puis ce fut Jimramov, une petite ville complètement endormie en ce dimanche midi.

Kadov nous retrouvions notre EV4 mais estimions que c’était assez pour la journée. Le ciel s’assombrissait, le vent se renforçait et un camping était signalé sur la carte à 5 km. Nous l’atteignions à peu près à l’heure où les campeurs du weekend pliaient bagages. Pour 7 € à nous deux nous pouvions profiter de la douche chaude, d’une cuisine toute équipée, de la wifi et surtout de la vue sur un lac.

Lundi 26 juin 2017 – Sec – 69 km

Hlinsko un village traditionnel a été restauré et nous prenions le temps d’un croquis. Les maisons, souvent construites en partie en bois, s’organisent autour de grandes pelouses et de places herbeuses. Nous notions que, malgré les hivers froids, elles ne possèdent jamais de volets, mais deux fenêtres l’une derrière l’autre espacées de vingt à trente centimètres. 

Nous roulions toute la journée sur des routes pratiquement désertes, rien que pour nous, traversions de grandes forêts sombres de sapins qui couronnaient les collines.

Nous arrivions au bord du lac de Sec fatigués mais contents de cette balade en pleine ruralité. Quand on regarde la carte de la Tchéquie on voit le pays tout mité de lacs artificiels ou non et sillonné d’un grand nombre de rivières. Et chacun de ces plans d’eau est aménagé pour les loisirs et la pêche.

Mardi 27-mercredi 28 juin 2017 – Kutna Hora – 40 km

En quittant la Moravie nous retrouvions une plaine légèrement vallonnée et, avec soulagement un relief beaucoup plus facile.

 

Dès le matin il fit très lourd et l’orage n’éclata finalement qu’en début d’après-midi alors juste que nous venions de planter la tente et mettre nos affaires à l’abri. Kutna Hora est la première ville de Bohème que nous visitions et nous trouvions bien reposant de faire un peu de tourisme.

Dans la soirée arrivèrent Jean-Luc et Annick, deux Nantais à vélo partis de chez eux par les bords de Loire et qui suivaient maintenant l’Elbe. Nous parlions itinéraire un bon moment puis nous réfugions dans la tente à l’heure de dîner pour essuyer un orage cataclysmique.Essuyer est bien le terme adéquat. Les bourrasques de vent étaient si fortes que nous retenions les arceaux de la tente de l’intérieur et l’eau s’infiltra entre la bâche de protection et le tapis de sol. Nos sacoches baignaient dans une mare d’eau envahissant les absides et comme elles ne sont pas toutes étanches … Il fallut donc essuyer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 29 juin 2017 – Podebrady – 33 km

 

Le lendemain nous reprenions la route sous un crachin bien mouillant par un balisage le long de l’Elbe, bien trop souvent dans des chemins de randonnée. 

Le premier camping rencontré, avec des bungalows pour nous mettre au sec, fut le bienvenu et tandis que j’écris, tout le matériel tente de sécher.


Article rédigé le 11 juillet 2017

 

Samedi 1er – mardi 4 juillet 2017 – Prague

 

 

Au matin la tente était trempée de rosée à l’extérieur, de condensation à l’intérieur. L’eau de l’étang fumait comme en automne. Nous longions encore l’Elbe pendant une vingtaine de kilomètres puis le quittions sans regret. Les sentiers défoncés, étroits et boueux ne nous procuraient pas beaucoup de plaisir. Nous empruntions aussi des chemins agricoles et tombions sur un groupe de gens employés à ramasser des radis dans un grand champ. C’est idiot mais je n’avais jamais pensé à la récolte des radis. Une femme vint vers nous avec deux bottes en cadeau.

Puis nous changions de pays. Finis les femmes qui allaient faire leurs courses à vélo. Nous retrouvions une société plus citadine, plus aisée, plus équipée. Les chiens recommençaient à nous hurler dessus derrière leurs barrières. Tout le monde était à nouveau au téléphone, en promenant leur chien, au volant de la voiture ou de la poussette du môme, à cheval, à vélo, en footing, à table, aux toilettes… Nous étions à nouveau dans une société « à la pointe ».

« Chérie, change la couche du chien, je vais faire pisser le téléphone. – D’accord mais ne lâche pas la laisse du petit. »

 

Au 3 260 km depuis Saint Céré nous entrions dans l’espace urbain praguois.

Mais ce n’est qu’au bout de 23 km de trottoirs, pistes cyclables, centres commerciaux et passerelles et quatre heures plus tard que nous plantions la tente au bord de la Moldau plus très  loin du centre-ville. Se déplacer dans Prague par les pistes cyclables est certainement facile, quand on connait. Le balisage A26 semblait vouloir nous conduire à nous désirions, mais il s’interrompait parfois devant un centre commercial ou une gare, ou encore Macdo, ou bien des travaux nous faisaient faire un détour et nous le perdions pour nous retrouver au pied d’escaliers qui nous obligèrent à décharger les bagages… Une fois de plus Garmin nous fut vraiment utile mais nous atteignions le River Camp assez fatigués pour ne pas avoir le courage de chercher autre chose. Un petit tour à pied en soirée nous fera découvrir d’autres campings à moins d’un kilomètre.

Dimanche matin, dès 9 h, nous déménagions donc et changions de rue, d’autant plus que nous avions été envahis par une colonie de limaces. Il y en avait partout, autour et sur la tente, sur les sacoches, dans les chaussures, laissant leurs traces de bave partout. Berk !

Nous nous installions donc au Petrakova camp, à 800 m du premier, dans un petit terrain aménagé dans un jardin derrière la maison de la propriétaire qui gère sa petite affaire avec un grand sens pratique. Des sanitaires un peu succincts mais très propres, une cuisine, des tables et chaises à l’abri. Nous profitions de la machine à laver pour faire une vraie lessive. Même en ce début juillet les tentes étaient un peu les unes sur les autres à notre goût mais nous choisissions un coin un peu à l’écart, tout au fond, et nos horaires de « lève-et-couche-tôt » ne correspondaient pas avec ceux des autres campeurs.

Et puis nous partions à la découverte de la ville. De belles façades, de belles églises, de belles places, mais que de monde ! Nous avions l’impression, après ces deux semaines en Moravie, de refaire un plongeon dans un monde de consommation et de tourisme effréné. Tout est payant et la foule fait la queue devant tous les guichets pour systématiquement tout visiter, car elle est là pour ça. Nous trouvions un peu de silence dans un petit restaurant vietnamien. Entre 12 € un beef burger et 4 € une assiette de légumes, tofu, poulet et riz, le choix est vite fait.

 

Ci-dessous, en vrac, quelques vues de Prague

Découvert dans une salle d’exposition les croquis et peintures de Bob Dylan qui me touchèrent beaucoup.

Peinture de Bob Dylan

 

Visite du Musée d’Art Moderne. Des artistes tchèques bien sûr, beaucoup d’art déco et puis une superbe collection d’artistes français : Picasso, Braque, Derain, Dufy, Bonnard, Vlaminck, Gauguin … 

Et après tous ceux-là « le reste c’est de la merde » concluions-nous tous les deux de façon un peu péremptoire.

Découvert tout de même deux peintres intéressants, Kupka 

Et Vaclav Spala

Nous ressortions l’esprit ravi et chargé à bloc, le corps transi à cause de la climatisation. Il était 15 h et nous allions déjeuner pour le troisième jour consécutif chez un Chinois.

Un dernier regard sur la Moldau à Prague

 

 

Mercredi 5 juillet 2017 -  Karlstein – 40 km

Plutôt plus facile de sortir de Prague que d’y entrer. Curieusement très peu de circulation sur les boulevards et beaucoup de promeneurs et pêcheurs au bord de l’eau. Nous apprendrons que le 5 juillet est férié car jour des St Cyril et son copain Méthod, les deux qui évangélisèrent l’Est de l’Europe mais qui aussi mirent au point l’alphabet cyrillique.

Beaucoup de monde dans ce camping mais nous réussissions à nous installer dans un coin à l’abri du vent, repéré également à cause de la présence d’une table et d’un banc. Des orages tournèrent toute la soirée mais eurent la bonne idée de passer à côté. Dommage, cela aurait peut-être fait rentrer dans leur bungalow nos voisins complètement bourrés qui beuglèrent tard dans la nuit.

 

Jeudi 6 juillet – Roztoky – 50 km

 

 

Nous commencions par faire 4 km aller puis retour pour chercher le moyen de  franchir la rivière alors qu’il suffisait d’emprunter le passage souterrain de la gare du patelin pour trouver une passerelle. Puis nous nous retrouvions sur un sentier défoncé alors que sur la rive d’en face les vélos et rollers avaient l’air d’évoluer sur une belle piste goudronnée. Après déjeuner 10 Km de côtes bien ardues en plein soleil et nous redescendions, crispés sur les freins, dans une vallée encaissée au niveau de Rostoky.
N’ayant pas eu Internet depuis quatre ou cinq jours nous n’avions pu vérifier les emplacements des campings vaguement indiqués sur notre carte. Après avoir cherché celui qui devait se situer au village, nous suivions une indication « Camping 3 km ». Et nous poussions les vélos dans une côte dingue sur 2 km, puis redescendions en bord de rivière. Et là j’eus ma première crise de « promiscuitite aigüe ». Ne pas chercher dans le Vidal, c’est un néologisme de dernière minute. Si tous ces pauvres gens sont ravis de s’offrir des vacances sur un terrain surchargé de tentes ficelles dans les pneus des bagnoles, en plein soleil, avec deux douches pour à 5 ou 600 personnes, cela les regarde. Moi, cela me file, outre angoisses et envie de pleurer, des boutons, de l’urticaire, de l’aérophagie, la migraine, des coliques, un lumbago, mal aux genoux, aux coudes et à la nuque, maux de dents et rhinites, des allergies anti-cons, plus une humeur massacrante qui font que, bref pour le confort de mon compagnon aussi, il faut que je me tire. Je retournais à la réception où nous avions déjà payé pour me faire rembourser et nous repoussions les vélos sur un kilomètre avant de redescendre à Rostoky. Et nous trouvions l’accès uniquement piéton (on repousse, on prend l’habitude) d’une aire de bivouac pour randonneurs et kayakistes. 

Vendredi 7 juillet 2017 – Jesenice – 43 km

Il plut un peu au matin et nous ne partions pas de bonne heure. Nous suivions un balisage qui nous fit éviter toutes les routes, passer par des chemins dans des campagnes boisées, des villages très tranquilles où il aurait fait bon s’arrêter quelques jours. Et puis ce même balisage nous fit prendre un chemin forestier ardu et pentu absolument pas adapté à nos vélos chargés qu’il fallut pousser laborieusement pendant une heure entre les cailloux.

Contrairement à ce que je craignais le camping n’était pas surchargé et était assez calme. J’y vécu quelque chose de stupéfiant dans les douches. Comme je l’ai déjà dit, aucune gêne entre les femmes dans ce pays. Elles évoluaient ce jour-là comme d’habitude à poil, grasses et charnues dans le local, se lavaient sans même prendre la peine de tirer le rideau de douche tout en blaguant assez fort. On se serait cru dans les bains trucs, dans une peinture orientaliste du XIXème siècle. Accroché à la patère voisine de celle à laquelle j’avais pendu mes vêtements était ce que je pris pour un petit sac à dos orange – pas très grand mais sac à dos quand même. A ma stupéfaction la propriétaire vint le décrocher. Ce n’était pas un sac, c’était un soutien-gorge ! La fille, pas plus de 25 ans, était énorme, fessue, avec une poitrine incroyable. Elle était grande et belle, Kolossale. C’est sûr, elle n’aura pas de rides en vieillissant. J’attrapai mes sous-vêtements qui me parurent ridiculement petits mais je me sentis bien dans peau tout de même. (Pas de photo car, si vous avez bien compris, je ne suis pas du genre à aller aux toilettes avec mon smartphone)

A 20h30 se déclencha un orage plutôt violent, avec des grêlons gros comme des billes pour commencer puis une grosse pluie qui nous firent sentir une fois de plus la précarité de notre abri de toile.

 

Samedi 8 juillet 2017 – Haje – 63 km

Toujours sur notre Euro Vélo 4 nous nous retrouvions à nouveau dans un sentier abrupt où il fallut pousser, puis sur ce qui paraissait une petite route chez Google mais qui n’était qu’une piste en construction et il fallut marcher encore. En tout environ 5 km à pied mais parfois à 2 km/h tant le vélo est lourd.

Pousser ce vélo chargé est bien plus crevant que pédaler et, en arrivant en milieu d’après-midi à Bochov une pension-restaurant me tenta. Pour 25 €, la chambre était correcte mais juste éclairée par un velux. Il était tôt pour s’enfermer. Dany, lui, avait envie de continuer. Continuons donc. Mais je n’avais vraiment plus la pêche et trainais dans les côtes. 20 km plus loin nous pillions dans un village devant une maison qui affichait des chambres à louer. Le propriétaire était dans son jardin. « C’est complet. Et en cette période de festival vous ne trouverez rien ». Quand il apprit que nous étions Français il continua : « J’aime la France ! Aix-en-Provence ! C’est là que je me suis fait bousiller (c’est moi qui traduit) ma Peugeot ». Et il nous fit signe d’attendre. Deux coups de téléphone plus tard il nous avait trouvé une chambre libre à cause d’un désistement de dernière minute et nous y conduisait. Nous dînions d’une assiette de saumon aux pommes de terre  et j’appréciais tout particulièrement d’avoir une salle de bains rien que pour nous.

 

Dimanche 9 juillet 2017 – Kynsperk – 54 km

Nous ne trouvions pas au matin les deux campings annoncés à Karlovy Vary et si nous avions espéré y trouver un hôtel, nous aurions été bien marris. Rien que des 4 ou 5 étoiles dans cette ville d’eau en plein festival du film.

Trouver notre balisage fut un peu compliqué en sortie de ville mais nous suivions la jolie rivière Ohre, encaissée entre des rochers. 

A part un passage un peu scabreux et une passerelle suspendue, le sentier fut très agréable sur une bonne quarantaine de kilomètres. Le ciel s’assombrissant nous pressions un peu le mouvement pour un atteindre un terrain avant l’orage. 8 € pour camper derrière le terrain de foot, ce n’était pas très cher mais les sanitaires étaient des plus simples. Cette fois-ci quatre douches se faisaient face. D’un côté les hommes, de l’autre les femmes et un siège en plastique au milieu pour poser ses fringues.

Tenir une buvette de camping est certainement très lucratif. Ce sont des hectolitres de bière qui gonflent tous ces ventres chaque soir. Alors que je passais sur la terrasse du troquet vers 18H30 pour aller chercher l’eau de cuisson de nos pâtes, des hommes étaient attablés devant leur chope de bière, l’air hébété. Un couple de jeunes s’était installé à nos côtés. Sitôt leurs affaires à l’abri dans leur tente, ils  se précipitèrent vers le lieu de culte pour s’asseoir, eux aussi, avec la même expression d’hébétude, devant une bière. A 21h30, alors que j’allais me laver les dents, les mêmes étaient toujours au même endroit, dans la même posture, mais sans doute pas devant la même bière. J’aurais assisté à un rituel chez les Papous, je n’aurais pas été plus dubitative. Comme quoi nul besoin d’aller loin pour faire de l’ethno.

 

Lundi 10 Juillet 2017 – Cheb – 35 km

La grande place de Cheb, dernière ville avant la frontière allemande

Etape sans grand intérêt pour terminer ce séjour d’environ trois semaines en Tchéquie dans un camping très calme tenu par des Hollandais au bord d’un lac mais à un prix à faire reculer le vacancier moyen tchèque. Nous profitions de la bonne connexion internet pour préparer la suite de notre voyage à travers l’Allemagne.

Petite conclusion sur la Tchéquie

 

Nous avons bien aimé ce pays où nous n’avons rien vu d’exceptionnel mais qui nous a permis, une fois de plus, d’élargir nos horizons européens. Nous y avons traversé des villages actifs, bien équipés, avec des services de trains et bus réguliers – ce qui est loin d’être le cas chez nous maintenant – des petits supermarchés partout où l’on peut se ravitailler sans prendre systématiquement la voiture. Cela nous semble important de mieux connaître cette Europe et d’abattre les idées reçues de pays pauvres et pays riches. L’Europe n’est pas une illusion, il y a bien une façon de vivre commune, (même si des différences comme préférer l’Ouzo à la Vodka - ceux qui nous connaissent bien comprendront le clin d’œil), et certains pays que les Français considèrent avec quelque condescendance sont tout aussi bien équipés, même mieux que notre France qui commence à rester à la traîne sur bien des points.

 


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