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Article rédigée le 26 juillet 2017

 

Traversée de l’Allemagne

 

Mardi 11 juillet 2017 – Weissenstadt – 40 km

 

Bloqués par la pluie nous ne partions qu’en fin de matinée et quittions la République Tchèque sans nous en apercevoir. Sauf que nous rentrions dans zone Euro bien sûr. Nous avions dépensé nos dernières Couronnes avec un coca. Un rayon de soleil nous permit de piqueniquer sur un banc et de faire sécher la tente puis nous prenions la route, plein Ouest. Route qui une fois de plus se transforma en chemin détrempé dans les bois. Et une forte averse nous y surprit. Après avoir attendu un bon moment dans une sorte de grange en bois nous nous décidions à enfiler cape de pluie et sur-chaussures. Et bien sûr la pluie cessa aussitôt et un rayon de soleil narquois nous obligea à nous déshabiller. Après 3 km de chemin trapu, glissant, en pleine forêt sombre nous retrouvions une route et décidions de faire fi du balisage pour ne plus quitter l’asphalte. Il nous restait quelques 30 km à parcourir et l’après-midi était déjà bien avancée.

Je ne pensais vraiment pas finir la journée en plein soleil malgré un vent frisquet au bord d’un lac à 600 m d’altitude.

Autant les Allemands sont aimables et toujours prêts à nous renseigner même quand nous ne demandons rien autant les commerçants, et plus particulièrement les réceptionnistes des campings sont désagréables – de vrais gardiens de prison comme tous ceux rencontrés lors de nos deux passages précédents dans le sud du pays.

Nous avions donc retrouvé les plaisirs des campings allemands. Une fois que l’on s’est acquitté de plus ou moins 20 € (voire plus) pour avoir le droit de planter la tente dans un petit coin - toujours loin des toilettes et si possible tout près de la route pour laisser les meilleures places aux camping-car - on s’aperçoit qu’ on ne peut guère qu’aller aux toilettes gratuitement pour ce prix de base, que les douches sont payantes (jusqu’à 1 € et même pas moyen d’en prendre une froide), l’utilisation des plaques de cuisson est payante, la connexion au réseau Wifi coûte 5 ou 6 € …

 

 

Mercredi 12 juillet 2017 – Kulmbach – 60 km

Nous commencions pas monter un col à 800 m d’altitude dont la moitié par des sentiers forestiers. La route portait bien son nom,  Schneeberg Strasse  (route de la montagne à neige).

Arrêt cardiaque ! Au fond là bas, j’ai cru soudain que c’était notre route !

A Bishofsgrünn, station de sports d’hiver, nous nous offrions en récompense un bon gros gâteau aux pommes et noix, juste avant que de gros nuages s’amoncellent. Et nous nous entamions la descente, gelés, par une piste cyclable bien bitumée dans la forêt longeant une rivière que nous ne savions pas encore être le Main.

Le Main à 700 m d’altitude

 

 Une bonne averse nous surprit à midi et nous nous réfugions dans un abri bus pour déjeuner. Le ciel était devenu gris uniforme et la température baissait. La terrasse couverte du café d’un supermarché nous abrita encore un peu plus loin pendant près de deux heures mais l’accalmie attendue n’arrivait pas. Enfin, cape de pluie et sur-chaussures enfilées, nous foncions, tête baissée, sous un véritable déluge. Il ne restait que  12 km à parcourir avant le camping visé. Mais à mi-chemin, un homme qui  crut perdus – Dany était en train de consulter le GPS – descendit de sa voiture et, apprenant que nous cherchions le camping nous dit : « mais vous ne pouvez pas camper par un temps pareil ! Allez à Kulmbach à 6 km d’ici, il y a plein d’hôtels ». Il avait raison ce brave homme, on pourrait bien s’offrir l’hôtel ce soir. La pluie s’était calmée mais l’eau avait réussi à s’infiltrer dans nos cous et nos chaussures. A Kulmbach, ville très touristique, il n’y avait que des trois étoiles, tous complets de toute façon. Dans le dernier visité l’hôtelier me donna son code Wifi et une brochure avec les adresses et n° de téléphone des chambres d’hôtes. Au bout de trois essais infructueux je commençais à désespérer quand la patronne me montra une adresse : -« Avez-vous essayé celui-là ? ». J’appelais. Il y avait une chambre, c’était à 3 km du centre-ville. Nous foncions. Et ce fut la surprise. Le premier à nous accueillir fut un cheval qui, de la porte de son écurie nous faisait des grands signes de tête. Nous étions dans la cour d’un ancien relais de poste. J’entrais dans un pub à forte odeur de bière où blaguaient quatre hommes dont le patron, vieux bonhomme sympathique. Il nous fit monter au deuxième étage par un escalier presque une échelle jusqu’à une chambre spacieuse, cosy, confortable. A 20 h, les vélos sous la garde du cheval, la douche prise, nos effets mis à sécher un peu partout, nous prenions l’apéritif dans notre coin salon, drôlement contents de ne pas être tombés dans un hôtel chic à la décoration anonyme. Nous découvrions un peu mieux la maison le lendemain matin. C’était plus une maison d’hôtes qu’un hôtel cette vieille demeure encombrée de peintures et dessins sur le thème du cheval, de bibelots et de livres. Notre hôtesse nous servit dans sa salle à manger un copieux petit déjeuner. Tout était à dessiner et nous aurions aimé y passer la journée. 

Jeudi 13 juillet 2017 – Lichtenfels – 40 km

 

Le thermomètre n’affichait que 12° le matin à 9 h lorsque nous récupérions nos montures mais les cieux se déchiraient et montraient de grandes trouées bleues. Nous avions désormais vraiment entamé notre descente du Main que nous ne devions plus quitter avant sa rencontre avec le Rhin, au-delà de Francfort, quelques 600 km plus loin. 

Lichtenfels réputé pour ses paniers

 

 

Nous atteignions la petite ville de Lichtenfels par un soleil de printemps. Douce soirée jusqu’aux derniers rayons de soleil en bordure de rivière.

Vendredi 14-samedi 15 juillet – Bamberg – 60 km

Les emplacements destinés aux tentes de cet immense camping surpeuplé sont situés sur une berge gazonnée très étroite. A peine la place de planter la tente et de tourner autour sans glisser et se retrouver dans la rivière. Quelqu’un qui déraperait de nuit ne pourrait trouver de l’aide pour remonter à terre et se noierait à coup sûr. Le genre d’endroit où il serait tout simplement interdit de camper en France par mesure de sécurité. Aussi lorsque l’orage se déclencha en début de nuit n’en menai-je pas large. Une rafale un peu trop brutale et tout aurait filé à la baille, un peu trop d’eau tombée en amont et c’était l’inondation.

 

Ce n’est pas la seule originalité du lieu. Frisz Hoffman, le grand-père du propriétaire actuel était peintre, bon peintre même, et ses toiles tapissent les murs … des sanitaires. D’un côté, c’est bien puisque nous pouvons en profiter. D’un autre côté, je pensais à cet artiste qui avait travaillé sérieusement son art … Les artistes peintres devraient peut-être détruire leurs œuvres invendues avant de mourir, sous peine de finir en décoration de chi…- de WC de Camping. 

Par une journée grise et glaciale nous visitions la belle ville de Bamberg.

Dimanche 16 juillet 2017 - Volkach – 95 km

Nous voici en pleine région viticole. Le camping de Schweinfurt nous parut trop près de l’autoroute, celui de Garstadt était réservé aux membres du Yacht Club, celui de Volkach trop cher mais il était temps de s’arrêter.

 

Petite anecdote plaisante sur ce parcours sans autre intérêt que d’être plat : nous empruntions un bac pour traverser le Main à Wipfield.

Lundi 17 juillet 2017 – Ochsenfurt – 48 Km

Mardi 18 juillet 201 – Gemünden – 68 km

Petit arrêt à Würzburg pour visiter la cathédrale ST KILIAN.

Mercredi 19 – jeudi 20 juillet 2017 – Collenberg – 80 km

Pas grand-chose qui nous arrête le long de cette rivière encaissée entre des coteaux plantés de vignes ou de forêt.

 

Cette vallée est surtout un axe de communication. 

Péniche de 200 m de long

les trains qui vont plus vite que les péniches

 Et les péniches qui ne vont guère plus vite que nous.

Il faisait chaud. On s’ennuyait un peu. Nous pédalions dare-dare pour nous faire de l’air et en finir au plus vite avec cette Allemagne si peu accueillante – à moins d’aimer la bière et les Biergarten bien sûr -.

A Wertheim nous fuyons un camping trop cher. 27 € pour se poser les fesses dans l’herbe c’est peu trop à notre avis. Mais finalement nous nous arrêterons au bon endroit. Un petit terrain bien aménagé en bord de rivière, pas de famille ni d’enfants car pas de baignade. Le gérant nous proposa même la table, les chaises et le réfrigérateur sous l’auvent d’une caravane non occupée. Nous en profitions volontiers et ce brave homme démentira l’impression globale que j’ai de son pays.

 

En soirée menace d’orage mais le lendemain le temps pluvieux et la flemme nous empêcheront de bouger.

Comme des pachas à Colenberg

 

Vendredi 21 juillet 2017 – Mainaschaff – 66 km

Petit arrêt pour traverser la ville de Miltenberg avec ses vieilles rues pavées et ses hautes maisons à colombages.

Face à un important chantier de construction de péniches toujours en activité – nous arrivions juste après une mise à l’eau -, le bourg de Wörth s’est entouré d’un rempart et de portes de fer pour se protéger des inondations.

chantier de construction de péniches à Wörth

Le soir, camping quasiment sous une bretelle d’autoroute, mais au bord d’un étang. Le vacarme y est infernal mais cabanons et caravanes constituent les résidences secondaires de braves gens qui viennent passer là week-end et vacances.

 

Samedi 22 juillet 2017 – Gustavburg/Rhein – 92 km

Les agriculteurs promènent les touristes

 

Passé Francfort sans nous arrêter. 

Hâte d’en finir avec le Main. Nous n’étions plus loin du confluent et c’était tout plat. C’était sans compter avec les averses orageuses qui nous forcèrent à presser le mouvement et à nous mettre à l’abri sous un pont, puis sous un arbre et finir trempés tout de même. C’était sans tenir compte d’une déviation qui nous fit quitter la berge pour monter dans les collines viticoles. La fin de l’étape se faisait attendre. Peu avant Mainz (Mayence)  nous quittions le Main dont la descente ne nous laissera pas un souvenir exceptionnel. Disons que ce fut le moyen de traverser l’Allemagne d’Est en Ouest facilement et continuellement sur des pistes cyclables.

Nous allions maintenant remonter le Rhin, plein Sud, en suivant une petite portion de l’Euro Vélo 15 qui suit le fleuve de sa source à l’embouchure. Le descendre vers son embouchure nous aurait sans doute permis de visiter la région des châteaux mais le temps nous aurait manqué alors pour flâner en France, ce dont nous avions grande envie.

 

La partie du Rhin que nous allions suivre n’a rien d’intéressant. Le fleuve y est devenu un boulevard industriel et l’euro Vélo suivi semble prendre plaisir à faire du tourisme entre les cheminées d’usines et les entrepôts de la région de Manheim et Ludwighaffen. De plus le temps se mit carrément à la pluie. Bref, nous avions hâte d’en finir.

Dimanche 23 juillet 2017 – Biblis – 66 km

Violent orage dans la nuit.

Lundi 24 juillet 2017 – Ludwighaffen – 56 km

Pause à Worms pour visiter la cathédrale, le reste de la ville nous paraissant dépourvu d’intérêts.
Les campings indiqués sur notre carte ou bien n’existaient pas ou bien étaient privés. Il y a en Allemagne, énormément de terrains lotis pour caravanes installées en longues durées, immenses résidences de villégiatures, plusieurs centaines de campements les uns sur les autres, le plus souvent au bord d’un plan d’eau mais jamais bien loin d’une route bruyante. La plupart d’entre eux n’acceptent pas les campeurs de passage. Heureusement alors qu’une nouvelle averse menaçait un homme vivant seul dans sa caravane nous invita spontanément à planter notre tente sur un coin de sa parcelle. « Normalement vous n’avez pas le droit de camper ici mais je peux avoir de la visite pour un soir ». La pluie se remettant à tomber nous nous enfournions, nous sous la tente pour manger notre purée instantanée, lui dans sa caravane pour boire sa bière et nous ne le revîmes pas, même le lendemain matin.

Mardi 25 juillet – Lingenfeld – 41 km

 

Une bonne pluie bien drue sans vent toute la journée.

Visite de la plus grande cathédrale romane du monde, construite aux XI et XIIème siècle à Speyer puis nous déjeunions d’un kebab, faute d’avoir trouvé le Chinois local. Et nous repartions, complètement bâchés.

bien bâchés pour pédaler sous la pluie

 A Lingelfeld nous échangions quelques propos sur la météo avec un couple de cyclos allemands qui arrivaient en sens inverse. L’averse battait son plein et, à 3 h de l’après-midi, c’était déjà le crépuscule. Un thermomètre affichait 13°. Ils avaient l’adresse d’un hôtel pas trop cher dans le village. Nous laissions tomber l’idée du camping encore 15 km plus loin et les suivions. Oh ! Délices d’un bon fauteuil puis d’un lit douillet tandis que dehors il continue à tomber des hallebardes.

Mercredi 26 juillet 2017 – Lauterbourg (France) – 50 km

« Camping municipal Les Mouettes » ! J’avais l’impression de rentrer à la maison ! Que les choses  peuvent paraitre  simples parfois ! Et, au risque de faire du chauvinisme primaire, je précise qu’il faisait beau en France – à 16 h le 26 juillet. 


De canaux en canaux

 

Article rédigé le dimanche 13 août à Vezelay

 

Je fais souvent référence à des « Euro vélos » suivis ou croisés lors de nos déplacements. Pour ceux qui ne connaissent pas, en voici la carte et avouez qu’un tel enchevêtrement de tracés pour découvrir l’Europe à vélo a de quoi faire rêver. (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Nous longions la frontière vers Wissembourg avant de bifurquer vers le Sud, traversions de beaux villages, Schleithal, Hunsbach, composés d’alignements de fermes toutes sur le même modèle. Les maisons ont pignon sur rue et forment une cour longue et étroite, la grange dans le fond. Nous frôlions la ligne Magino mais, n’étant pas amateurs de tourisme d’anciens combattants, ne faisions pas le détour. D’ailleurs « mon père l’a faite pour moi » déclara Daniel. Son père en effet avait été fait prisonnier à cet endroit et avait laissé cinq années de sa vie dans cette p… de guerre.
A Soultz sous Forêt nous cherchions à éviter la route directe pour Haguenau quand une femme sortit de chez elle. Pour aller à Haguenau à vélo, elle aurait pris tel et tel chemin. Nous suivions ces indications et suivions ainsi une belle piste cyclable à  travers la forêt. Sandrine, à qui nous avions laissé notre carte de visite, nous enverra le lendemain un mail bien sympathique via notre site que je reproduis ici tel qu’il a été écrit:


« Ils se sont arrêtés devant ma maison à Soultz sous Forêts, ils cherchaient une route plus calme pour se rendre à Haguenau. Ils venaient de traverser l'Allemagne, pays de pistes cyclables.
Vivre ses rêves ou rêver sa vie.
Quel charmant couple, je les aurais bien gardé simplement pour l'écoute de leur récit.
Ils m'ont impressionné, je vais fouiller votre bloque.
Enchanté de vous avoir rencontré Daniel et Frédérique.
10  mn de papotage sur le trottoir inoubliable vous m'avez fait rêver
Bonne continuation surtout ne changé rien, tout est beau
Sandrine »

 

La ville d’Haguenau ne nous parut pas d’un grand intérêt mais son petit camping accueillant, une cabane avec tables et électricité servant d’abri aux campeurs en cas de pluie, ce qui fut encore le cas ce soir-là. Près de nous vint s’installer Denis, Québécois. Il avait commencé son périple à vélo début mai à Lisbonne, continuait vers la Belgique, puis l’Allemagne et la Tchéquie avant de s’envoler pour Bangkok. Le veinard ! Je l’enviais de ne pas encore connaître l’Asie du Sud Est pour le plaisir de la découverte. Il avait adoré pédaler au Portugal mais détesté en Italie.

Vendredi 28-Samedi 29 juillet 2017 – Wasselone – 46 km

Dimanche 30 juillet Saint Louis-Arzvillers – 37 km

Canal de La Marne au Rhin

A Saverne nous commencions à suivre le canal de la Marne au Rhin qui pourrait, si nous en avions l’idée, nous conduire jusqu’à Paris. La voie d’eau sinue entre des collines hautes et boisées, d’écluses en écluses. Notre route suivra bientôt le « vieux canal », désormais asséché qui franchissait le seuil des Vosges en 17 écluses successives sur 3,8 km. En 1969 fut mis en service le « Plan Incliné ». Il s’agit d’une espèce de funiculaire énorme qui fait monter les pénichettes et bateaux de plaisance après les avoir enfermés dans un bassin. C’est assez spectaculaire à voir.

Plan incliné d'Arzevillers

 

 La Vallée des Eclusiers est devenue un lieu de promenade. Les écluses et les maisons abandonnées, envahies d’herbes folles et surplombées de falaises rouges constituent un site d’archéologie industrielle tout empreint de nostalgie.  C’est ainsi que nous quittions l’Alsace à peine effleurée pour la Lorraine.

(Nous avons fait des croquis mais ne les avons pas encore pris en photos.)

Nous nous arrêtions d’ailleurs sur l’une de ces terrasses herbeuses pour faire un croquis. Et puis est arrivée une petite famille belge – un jeune couple et deux enfants, le plus jeune dans une carriole en toile et aluminium tirée par le père et poussée par la mère. Les parents portaient en outre chacun un gros sac à dos. Et ils étaient en route vers Rome, en périodes de trois semaines par an. De quoi occuper plusieurs années. Ils paraissaient tous costauds et plein de santé et partageaient, parents et enfants, certainement des moments forts et des découvertes intéressantes. Nous repartions tout contents de cette rencontre.

Nous avions décidé de passer par Sarrebourg pour aller chez Décathlon, mes chaussures étant sur le point de rendre l’âme. En passant dans le centre-ville Daniel se souvint avoir visité voici plusieurs années une chapelle décorée par Chagal. Et cela valait vraiment le détour. C’est plus qu’un vitrail que l’on peut voir dans la chapelle des Cordeliers mais plutôt un mur de verre coloré de 12 m de haut avec les personnages chers au grand peintre dans une explosion de rouges et de bleus intenses. Une merveille.

Nous apprenions en passant que nous avions raté d’autres vitraux de Chagal à Mayence. Dans le musée tout près étaient exposé le travail d’Yvette Cauquil-Prince qui, d’après les toiles de Chagal, mais aussi Picasso, Ernst et d’autres, a réalisé d’immenses tapisseries. Un travail de titan pour un résultat à couper le souffle.

Bon. Avec tous ces chefs d’œuvres nous n’avions toujours rien mangé et il était près de 14 h quand nous atteignions la zone commerciale par une chaleur très-très lourde - Ah qu’on était mal !- quand se détacha, là juste devant nous, le mot « Flunch ». Notre restaurant préféré après les Chinois. Et nous avons mangé, non pas comme des monstres mais  trop pour être ensuite très en forme sur une selle par cette chaleur. Chez Décathlon je ne trouvais pas chaussure à mon pied.

La journée se termina sur une grande pelouse au bord d’un étang. Vers 3 h du matin des éclairs et de fortes rafales de vent nous firent lever pour éloigner les vélos afin qu’ils ne risquent pas de tomber sur la tente et vérifier les ficelles. L’orage passa au loin.

Mardi 1er août 2017 – Lunéville – 43 km

Temps toujours très lourd et les nuages jouèrent toute la matinée à je pleux-j’pleux plus puis ouvrirent les vannes pour de bon. Nous attendions à l’abri dans un snack de supermarché pendant une bonne heure et demi.

A Lunéville il y a un château du XVIIIème, un musée dans le château, la tombe de la compagne de Voltaire, la Marquise de je ne sais plus quoi, mathématicienne et aussi savante que lui (j’ai lu il y a quelques années leur hallucinante correspondance de scientifiques alors qu’ils habitaient la même maison, comme on pourrait s’envoyer aujourd’hui des courriels de bureau à bureau), mais il y a surtout une librairie. La librairie Quantin (librairiequantin.com) ouverte depuis 150 ans par l’aïeul de l’actuelle propriétaire est un sacré foutoir comme on les aime. Le local est trop petit et les livres s’empilent sur les étagères, les tables, à même le sol. La libraire, petite et rondelette, toute pâle de ne pas assez sortir de son antre, émerge à peine au milieu des bouquins et aime parler avec ses clients. C’est tout de même plus sympathique qu’Amazone ou que les livres numériques. On ferait des folies dans cette boutique, mais attention, les livres c’est lourd. Pas droit à plus d’un chacun.

La région de Lunéville étant en alerte orages et vents violents nous allions passer encore une nuit inquiète.

 

 

Mercredi 2 août 2017 – Bayon – 23 km

village lorrain un peu triste

A midi nous nous arrêtions au bord de la Moselle dans ce petit camping bien calme. Nous demanderons toutefois à changer d’emplacement pour ne plus entendre la grosse d’en face crier après ses mômes. Bien installés mi ombre mi soleil, lessive faite, nous nous allongions à l’ombre d’un tilleul pour une bonne sieste … au moment même où les ouvriers de la gravière voisine que nous n’avions pas vue remettaient leurs engins en route après leur pause-déjeuner.

 

 

Jeudi 3 août 2017 – Domrémy La Pucelle – 58 km

Château d'Harouët

Fort vent d’Ouest-Sud-Ouest. Dommage ! C’était justement notre destination. Si bien que je ne savais plus si c’était la route ou le vent qui me fatiguait le plus.

Un petit camping municipal comme on les aime : un grand pré, une table, des sanitaires impeccables et un régisseur, en l’occurrence une régisseur(se) très aimable, qui  vient récupérer les 10 € qu’on lui doit dans la soirée. Pour voisins : des Hollandais, rien que des Hollandais qui ne savent pas dire bonjour mais qui ne font pas de bruit et finalement c’est tout ce qu’on leur demande.

C’est dans ce pré, ou celui d’à côté, que la petite Jeanne devait garder ses moutons. Et elle s’emm… nuyait tellement, mais tellement !, qu’elle entendait des voix bien sûr ! Peut-être les mêmes que celles qui, dans le fond de mon bureau il y a 40 ans et plus, me susurraient « tire-toi, avec un cheval, une Deux-Chevaux ou un vélo, mais tire-toi de là ! ».

 

 

Pour illustrer ces dires, l canassons attendant devant la porte du châtieau

 

 

L’époque et le contexte dessinent la suite de l’histoire. Mais qu’on se rassure, je ne me suis jamais prise pour Jeanne d’Arc.

Jeanne s'en va-t-en guerre

 

Vendredi 4 août 2017 – Neufchâteau – 10 km

 

Ils sont amusants les gens de Neufchâteau. D’abord un couple nous demande d’où on vient. Question qui nous laisse de plus en plus dans l’embarras, ne sachant quoi répondre. Bon on leur dit qu’on vient de Prague. Et où c’qu’on va ? – Vers Toulouse – « A vélo ? C’est pas possible ! Tu te rends compte Bébert, moi qui sait même plus monter à vélo ! ». Puis le petit jeune de l’Office du Tourisme à qui nous demandons la liste des campings en direction de Langres et qui nous souhaite une belle aventure (!!) – avec un grand ou un petit A ? Et encore cet homme qui rentre des commissions en grignotant le croûton de sa baguette de pain et qui nous fait, bien mieux qu’à l’Office du Tourisme, l’inventaire de tout ce qu’il faut voir dans la région, alors que nous n’avons qu’une envie : aller manger nos cuisses de poulet rôties avec les mains puis faire la sieste sous un arbre.

 

Samedi 5 août 2017 – Bourg Sainte Marie – 25 km

Passé par Goncourt, le village des Frères.

 

Vent de face et crachin.

Plateau de Langres

 

Dimanche 6 août 2017- Langres – 48 km

 

Un temps parfait. Ciel bleu, petit vent du Nord dans le dos.

Camping bondé. Pratiquement que des Hollandais. Mais que viennent-ils faire à Langres où il n’y a franchement pas grand-chose à voir. Je le sais, nous venons de faire le tour, et à part la statue de Diderot, enfant du pays … J’ai posé la question au régisseur. « Ils passent. Car Langres est à égale distance entre Amsterdam et Nice ».

 

Lundi 7 – mardi 8 août 2017 – Pontalier sur Saône – 90 km

 

Et il valait mieux être entassés avec les Hollandais en exode – ou en transhumance – qu’au camping suivant du lac de Villegusien. Un festival d’art ( ?) avait attiré foule de jeunes mais aussi un sacré paquet de flics et les bords du lac se ressentaient de l’afflux de peuple du week end. Il faisait vraiment frais avec ce vent du Nord qui bientôt allait tourner au SE, nous laissant sous un chaud soleil. Nous rejoignons bientôt le canal de la Marne à la Saône, encore appelé de la Champagne à la Bourgogne, et roulions une bonne quarantaine de kilomètres seuls, dans un profond silence. Aucun bateau sur ce canal pourtant entretenu et aux écluses tout à fait fonctionnelles. Aucun vélo sur ce chemin de halage bitumé, en parfait état. 

seuls sur les bords du canal

J’ai toujours eu envie d’habiter une maison d’éclusier. On ne doit pas y craindre les inondations et c’est généralement plutôt calme.

 

 

Seule rencontre : une petite famille de ragondins. 

Au détour de quelques villages nous retrouvions, heureux, les églises romanes de Bourgogne, les murs de petites pierres grises. 

Eglise de Dampierre et Flee

 

Puis, quittant l’ombrage de notre canal, nous prenions une petite route à travers les grandes cultures pour aller passer la nuit au camping de Noyon … qui n’existe plus depuis plusieurs années. Car sur Internet il y a tout ce qui a été mis, mais aussi tout ce qui n’a pas été retiré. Il ne restait plus qu’à continuer jusqu’à Dijon, ce qui ne nous enthousiasmait guère, ou descendre 20 km plus au Sud jusqu’à Pontalier sur Saône, par une route toute droite, vallonnant de coteaux en collines, sans un arbre. Nous y arrivions à 18 h, fourbus et cuits par le soleil, pensant avec regrets que si nous nous étions mieux renseignés, nous aurions pu continuer par le canal, pépères, à l’ombre, et serions arrivés bien plus tôt.

 

Nous y resterons le lendemain, le temps s’étant mis, une fois de plus, à la pluie.

Ecluse de Vandenesse en Auxois

 

La maison de l’éclusier est couverte d’outils agraires et l’éclusier s’est reconverti en sculpteur.

Vent glacial, pluie glaciale en fin d’après-midi. 16° à l’abri du vent. Mais justement, nous ne sommes pas à l’abri de ce vent du nord.

Maison forte d'Eguilly, canal de Bourgogne

 

Vendredi 11 août 2017 – Semur en Auxois – 46 km

Vue générale de Semur en Auxois

 

Samedi 12 – dimanche 13 août 2017 – St Père (Vézelay) –

 56 km

 

 

Route très vallonnée avec, toujours et encore, vent de face. Peu avant Avallon nous prenons par la jolie petite vallée du Cousin bordée de moulins.

Vezelay en vue (photo prise hier car aujourd'hui, avec qui tombe, impossible d'apercevoir quoique ce soit)


La route buissonnière des arts

 

Article rédigé le 6 septembre àSt Céré

 

 

 

 

 

 

Comme nous le proposait le lapin de Loupot, célèbre affichiste natif de Clamecy – vous savez bien ! celui qui a dessiné l’affiche de l’apéritif St Raphael (http://www.lesartsdecoratifs.fr/IMG/jpg/loupot8.jpg) -, nous prenions les routes buissonnières pour retourner à St Céré. Les étapes furent parfois si courtes que j’ose à peine marquer le nombre de kilomètres. Ce fut une bien jolie promenade.

 

Samedi 12 – dimanche 13 août 2017 – St Père (Vézelay) –

 56 km

 

Il se remit à pleuvoir au petit matin du dimanche, un crachin très fin, glacial, et qui trempait tout, sans bruit, mine de rien. Puis, vers 14 h, le ciel se déchirant avec peine, nous enfourchions les vélos pour monter à Vézelay. Ce fut bien sûr le plaisir escompté avec les chapiteaux sculptés – 150 en tout dont nous ne pouvons même pas voir la moitié.

De la nef en pierres grises et roses on a vraiment l’impression de « monter » vers la lumière, le chœur tout en pierres blanches. 

Il faisait carrément beau quand nous ressortions de la basilique. L’ambiance était très calme dans les jardins et sur le parvis avec étonnamment peu de monde en ce week-end du 15 août, contrairement à ce que nous craignions.

maison de Jules Roy et ses jardins

 

Dans une ruelle un peu en dessous de la basilique, un panneau annonçait la maison de Jules Roy (1907 – 2000). On peut visiter, gratuitement, le bureau et le salon-bibliothèque de l’écrivain. Tous les objets, les livres, les peintures sont là. Ça sent bon le vieux bois. Au niveau inférieur deux grandes salles servent de lieu d’exposition à des artistes peintres actuels, l’étage supérieur étant résidence d’écrivains. Le conservateur est aussi intéressant que la demeure et très disert concernant l’écrivain, son œuvre et son époque. Il nous fit également part, longuement, de son inquiétude pour l’application de  la loi concernant l’accessibilité pour tous de tous les lieux publics. Il lui faut trouver, dans les deux ans qui viennent, un moyen de rendre cette maison-musée accessible aux personnes à mobilité réduite, sans défigurer la bâtisse, sans être refusé par les Monuments Historiques dans ce lieu classé et trouver également le financement exorbitant à cause des normes imposées. Faute de quoi, il devra fermer, ce qui pend au nez de toutes les petites structures nées d’initiatives communales ou associatives. Sous prétexte - très louable - de pouvoir accueillir deux ou trois visiteurs handicapés amateurs de musées par an, ces lieux exceptionnels témoins de notre culture et du passé risquent tout simplement d’être fermés à tous.

 

Lundi 14 – mardi 15 août 2017 – Clamecy – 30 km

 

Réveil en plein brouillard. La nature entière sentait la cave humide.

 

 

Nous passions de l’autre côté de la butte de Vézelay et suivions une toute petite route à travers la forêt avant de redescendre sur Clamecy. Nous voulions y faire étape afin de visiter le musée. Clamecy était en effet jusqu’au 19ème siècle le départ de « trains » de bois du Morvan qui partaient sous forme de radeaux par l’Yonne et la Seine pour aller chauffer les Parisiens avant l’ère du  charbon. Jusqu’à 700 000 stères de bois arrivaient chaque automne à Clamecy, en vrac si l’on peut dire, avant d’être répartis et liés en radeaux. Ce devait être un sacré spectacle.

Il y a également une salle consacrée à Romain Rolland, enfant du pays, qui osait écrire, en pleine première guerre mondiale : « Je n’ai d’autre patrie que le monde ». Tandis que la France le blâmait pour son manque de patriotisme, Stockholm lui décernait le prix Nobel de littérature en 1915.

 

Clamecy est une jolie bourgade avec son petit port à l’embranchement du canal du Nivernais et de l’Yonne. Malgré un temps exécrable nous réussissions à faire deux croquis in situ.

Mercredi 16 août 2017 – Baye – 68 km

Ce canal du Nivernais est décidément bien joli et nous prenions plaisir à pédaler sur son chemin de halage bitumé.
Peu avant les étangs de Vaux et Baye il passe les échelles de seize écluses successives avant de se cacher, très étroit, sous une voûte de verdure, puis s’engouffre dans un tunnel pour ne ressortir que dans les étangs.

Jeudi 17 – vendredi 18 août 2017 – Panneçot – 40 km

 

 

Une si belle journée d’été ! Nous avancions lentement le long de ce canal jalonné de nombreuses écluses, de vieux ponts de pierre et de ponts à bascule, d’aires de repos ombragées.

Au niveau de l’écluse de Mingot il enjambe la rivière et devient pont-canal pour une cinquantaine de mètres. L’écluse est profonde et nous restions à observer la manœuvre pour faire passer les bateaux de plaisance d’un niveau à l’autre.

 

A Chatillon en Bazois nous déjeunions et faisions un croquis. Nous n’avions parcouru que 15 km dans la matinée.

Au Pont de Fleury un coin repos et baignade est aménagé et je trouvais rassurant que des petites familles viennent y étaler une couverture pour passer l’après-midi et goûter sans avoir besoin d’unaqua ou ludo land. Nous y restions nous aussi une bonne heure et la journée se terminait à Panneçot avec un apéritif au bord de l’eau.

C’est ainsi que l’on aimerait voyager tout le temps, en musardant, prenant le temps de s’arrêter et regarder, sans être obligé de se dépêcher car il va pleuvoir, car il reste de la route, car il fait déjà trop chaud, car… car toujours quelque chose !, en prenant le temps de croquer sans en être empêché par le manque d’ombre, le vent, la pluie, encore elle… Et tandis qu’aujourd’hui j’écris ces notes nous sommes enfermés dans la tente et il pleut. Nous avons tout de même pu aller sans bagages jusqu’à Moulins Engilbert, 6 km à l’Est, bourgade autrefois animée par son marché aux bovins – c’est le coin des Charolais-. Des peintures décoratives plaisantes ornent quelques façades. 

Samedi 19 août 2017 – Decize – 33 km

Quant à la suite de l’itinéraire, c’est à Decize qu’il fallait prendre une décision. La météo était tellement indécise que nous restions dans l’indécision. Seule décision prise à Decize : en repartir dès le lendemain à cause du bruit et de l’ambiance au camping. Puis la nuit fut si fraiche que décision fut prise, à Decize, de ne pas passer par La Bourboule et le Mont Dore, comme envisagé, mais de rester à plus basse altitude.

La vieille Loire à Decize

 

Dimanche 20 août 2017 – Diou – 48 km

 

 

Il faisait vraiment froid ce matin pour un mois d’août et la Loire fumait comme un chaudron. Le soleil finit par chauffer doucement malgré le vent du Nord.

Piquenique au bord du canal latéral à la Loire. Nous arrivions à Diou en début d’après-midi. Berges de Loire gazonnées et ombragées pour profiter des derniers rayons du soleil.

 

Lundi 21 août 2017 – Châtel de Neuvre – 68 km

 

 

Une véloroute nous conduisit jusqu’à Moulins par des routes campagnardes. Nous pensions y faire halte mais le camping a été transformé en aire de services pour camping-cars. Cela revient évidemment beaucoup moins cher et rapporte autant. Exit l’idée de visiter la vieille ville. Il nous fallut rallonger l’étape de 25 km à travers les champs de maïs pour arriver dans ce camping, très sombre et pas très nickel, tenu par des Allemands, en bordure de l’Allier. Le mari était atteint de la maladie de Lyme, attrapée par une piqûre de guêpe !

Mardi 22 août 2017 – St Eloy les Mines – 61 km

 

 

Route très vallonnée et bonne grosse chaleur ce jour-là. Sur notre gauche, la silhouette du Puy de Dôme. Ce n’était certes pas le Popocatépetl, mais nous étions bien contents tout de même. 

Le Puy de Dôme

 

Nous arrivions à St Eloy par le haut du village, complètement sinistré. Tout y est à vendre. Le centre s’est décentré et la vie commerciale s’est regroupée autour de chez Liddle, un peu plus bas. Une usine de laine de roche crache de la fumée par sa gigantesque cheminée rouge, et emploie 600 personnes, ce qui est considérable dans la région.

Le camping est tenu par un couple aussi sympathique que l’aménagement de leur terrain, en bordure d’un plan d’eau.

Mardi 23 août 2017 – Auzance – 50 km

 

 

Nous nous régalions sur ces petites routes tranquilles du Centre France. Traversé de beaux bosquets puis, d’un plateau, vue sur la chaîne des Puys.

Nous hésitions à passer par Auzances et pourtant il fallait bien que nos roues fassent le détour puisque nous attendaient dans l’église des fresques signées Nicolas Greschny (https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Greschny). Nous avions déjà pu admirer son travail près d’Albi voici quelques années.

Fresque de Nicolas Greschny

 

Jeudi 24 – vendredi 25 août 2017 - Aubusson – 40 km

 

 

Une étape qui se terminait par cinq bons kilomètres de descente pour atterrir sur les bords de la Creuse, dans la vieille cité d’Aubusson.

Le nouveau musée – « La Cité de la Tapisserie »- nous y avait attirés. Nous fûmes déçus tant par le manque d’informations historiques et concernant les influences extérieures que par la présentation. Les œuvres contemporaines ont l’air d’avoir été réunies pêle-mêle, à l’étroit. Et malgré l’importance donnée auxoutils interactifs – très à la mode l’interactivité – ce musée reste sans profondeur. Je remarquais que les quelques sièges à disposition sont installés de manière à passer du temps devant les écrans et non à contempler les œuvres. Sur une « Plateforme de Création Contemporaine » est présenté le nouveau Grand projet d’Aubusson : tisser les images du film « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien, en très grand bien entendu.

Samedi 26 août 2017 – Moutiers d’Ahun – 32 km

Nous avons longé la Creuse vers Ahun. Déjeuné près de l’église romane de La Rochette. 

Encore un camping fermé celui d’Ahun sans avoir été retiré d’Internet. Ne reste plus qu’un parking pour camping-cars. Nous pensions un moment camper près du plan d’eau voisin mais les déchets et tessons de bouteilles laissaient supposer des activités nocturnes. A l’Office du Tourisme nous fut indiqué un lieu en bordure de Creuse, à Moutiers d’Ahun, ou était autorisé le bivouac. C’était assez joli comme endroit. Un gars tenait là un camion-snack. « Vous serez bien mieux un peu plus loin, sur le chemin des pêcheurs », peut-être voulait-il tout simplement se débarrasser de nous. Après avoir visité l’église de Moutiers réputée pour ses boiseries sculptées nous prenions donc le chemin. En effet on pouvait être tranquilles là sauf si, dans la maison d’en face, sur l’autre rive, un groupe de gens  fêtait des anniversaires. Hélas nous ne les entendîmes qu’une fois la tente montée.

Dimanche 27 août 2017 – Retour Aubusson – 36 km

 

 Nous retournions donc vers Aubusson, toujours par des petites routes désertes bordées de fougères et de bouquets de bruyère en fleurs.

Détour par Sous-Parsat pour voir la chapelle peinte par Gabriel Chabrat

C’est un de ces villages en grosses pierres de granit moussues, un peu mystérieux, qui fait penser à la Bretagne. On s’y verrait bien vivre un peu, dans l’oubli du temps qui court.

 

Un peu avant Blessat nous prenions un chemin dans les bois pour aller voir un dolmen vénérable. 

Par la chaleur étouffante de ce jour il faisait bon dans cette sombre forêt de hêtres à 630 mètres d’altitude. Nous y faisions une pause-café avant d’entamer la descente sur Aubusson où nous retrouvions avec plaisir la même place ombragée au bord de la Creuse. Nous nous mettions tellement à l’écart, au fond du terrain, qu’on se serait cru seuls, en bivouac tout confort puisqu’avec une table à disposition.

 

Lundi 28 – mardi 29 – mercredi 30 août 2017 – Lac de Vassivière – 48 km

 

Nous partions trop tard, après avoir fait les courses pour deux jours, et il faisait déjà une bonne grosse chaleur. 34-36° étaient annoncés pour l’après-midi.

 

Une véloroute balisée traverse toute la Creuse et continue en Corrèze pour rejoindre la vallée de la Dordogne au niveau de Beaulieu. Mais les routes très peu fréquentées sont tellement nombreuses dans cette région qu’il n’ait pas besoin de balisage. C’est le bonheur de choisir son itinéraire à chaque carrefour en fonction des églises romanes, châteaux ou autres sites annoncés. Ainsi nous avons pu voir, dans l’église de St Quentin la Chabanne, une exposition de peinture qui nous toucha beaucoup.

Nous déjeunions non loin de là, sous l’ombrage d’un gros tilleul, puis reprenions la route en nous arrêtant à maintes reprises pour souffler dans des coins d’ombre, et  boire, parcimonieusement car nous avions peu de réserve, notre eau tiède. Nous avions hâte d’arriver dans un village pour aller chercher de l’eau au cimetière. Ce qui fut possible à Gentioux où nous faisions une bonne pause avant de nous lancer pour les huit derniers kilomètres.

Petit bain dans le lac de Vassivière étonnement chaud puis apéritif sur la berge. La journée se terminait très paisiblement. Le soir le lac se transforma en une plaque d’acier frotté aux subtiles nuances de gris, plus le reflet rose du couchant.

Mardi 29 – journée pleine de « richesses lentes » (expression empruntée). Promenade le long de la berge pour faire un croquis, sieste puis lecture toute l’après-midi, scotchés à nos matelas sous un chêne, apéritif au bord du lac.

Mercredi 30 – Un bateau taxi emmène gratuitement une douzaine de promeneurs de notre plage à l’ile de Vassivière. Vingt minutes avant l’heure du départ le cota était déjà dépassé. Il n’y avait plus qu’à prendre les vélos pour parcourir les dix kilomètres jusqu’à cette ile occupée par un « Centre d’Interprétation du Paysage » et un bois de sculpture. Nous y étions déjà venus avec des amis il y a cinq ou six ans et pourtant je n’en avais gardé aucun souvenir. C’est tout simplement parce qu’il n’y a rien à y voir. Nous rentrions bien trempés par les averses et nous enfournions dans la tente. Et la température chuta avec les nuages.

Jeudi 31 août 2017 – Eymoutiers – 23 km

 

Il faisait si sombre au lever que j’ai tout d’abord cru que nous nous étions trompés d’une heure. Les nuages étaient au sol. Allions-nous tout de même continuer vers Meymac, ce qui nous ferait frôler les 1000 mètres d’altitude ? Non. Trop froid. Une fois de plus c’est la météo qui traçait notre itinéraire. Nous prenions la direction d’Eymoutiers par une route en pleine forêt aux troncs tellement moussus que complètement peinturlurés de vert. Le sol couvert d’un compost de feuilles était carrément rouge.

 

A Eymoutiers il y a bien sûr l’espace Rebeyrolles et nous étions contents de revoir ses œuvres et le film émouvant de Gérard Rondeau (« Journal d’un peintre »). 

Et puis ce fut la découverte d’un autre très bon peintre, Philippe Cognée.

Châteaux de sable - peinture à la cire de Philippe Cognée

 

Vendredi 1er – samedi 2 septembre 2017 – Chamberet – 32 km

 

 

6°C au réveil ! Brrr ! Qu’il faisait froid. Au départ d’Eymoutiers la route montait rudement sur plus de trois kilomètres mais nous aimions ce pays de valons profonds, de bois et de belles prairies. 

Bientôt nous quittions la Haute Vienne pour entrer en Corrèze et déjeunions à Chamberet. La température était remontée à 12° mais les nuages s’amoncelaient dangereusement. Nous nous offrions le confort d’un mobil home. Le chauffage branché nous cocoonions à mort. 

confort et cuistot au boulot vont de paire

 

Le lendemain réveil en plein brouillard. Aucun courage pour quitter ce nid. Nous rempilions et, à part un saut au supermarché, ne sortions pas de notre coin. La vue par la baie vitrée donnait sur une grande prairie, des massifs d’arbres et un grand ciel. Je tentais une pochade.

Oublié de dire bien sûr que les vaches avaient changé de couleur. Fini depuis un bout de temps les Charolaises. Ici elles sont rouges, et parfois carrément folledingues, voire butineuses.

Dimanche 3 septembre 2017 – Vigeois – 40 km

 

Vigeois est le village d’Henri Cueco, un des  écrivains-peintres qui nous accompagnent, décédé en mars dernier https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Cueco.

le vieux pont de Vigeois

 

Lundi 4 septembre 2017 – Noailles – 50 km

 

 

Réveil sous la pluie, un crachin qui ne nous quittera que vers midi. Nous déjeunions  au bord de la Vézère pendant que la tente séchait.

paysage corrézien

 

Nous avions grimpé plus de la moitié du parcours. Le GPS nous permit d’arriver dans Brive par des petites routes mais nous regrettions la Tchéquie où il y aurait inévitablement eu un balisage vélo pour atteindre le centre-ville.

Le vélo en France, c’est tout juste bon pour aller s’amuser dans les bois ou organiser des journées d’animation, genre « journée du vélo ».

Puis nous montions – encore !- jusqu’à Noailles où nous avions repéré un camping à la ferme. Température douce, soleil jusqu’en fin de journée, grand calme. Nous dinions dehors en savourant cette paix.

Nous avions une fois de plus changé de pays et, en dépassant Brive, avions fait un premier pas dans la France du Sud. Sol sec et rocailleux, accent chantant des autochtones.

 

Mardi 5 septembre 2017 – St Céré – 60 km

 

 

Normalement de Noailles, après une petit bout de côte on redescend rapidement jusqu’à la Dordogne et ensuite c’est tout plat. Mais cette route de Turenne nous la connaissons par cœur. « Pourquoi ne passerions-nous pas par Collonges-la-Rouge et Beaulieu ? » Proposition aussitôt adoptée par Daniel. Mais quelle idée j’avais eu ? Je m’en mordais les doigts – de pieds. 700 m de dénivelé positif en 40 km avec des côtes atteignant les 10-15 % ! Enfin, contents tout de même, en faisant la pause chocolat sur les bords de la Dordogne, de voir que nous étions  capables d’en venir à bout, même chargés comme des baudets après les courses chez Decathlon à Brive.

Retour à St Céré donc où nous retrouvons la chaleureuse amitié de nos amis Pierrette et Noël. Nous nous mettons en mode pause à l’issu de cette belle balade européenne de 6 000 km (5 997 km au compteur exactement).