Notre voyage  2018, pour voir la carte cliquez ici

Les croquis réalisés pendant notre séjour en Turquie sont sur lescroquisdelescampette.jimdo.com

Article rédigé à Tasucu (Turquie) le 27 octobre 2018

 

Voici déjà deux semaines que nous sommes en Turquie et… nous n’avons rien fait ou presque.

 

 

 

 

 

Je suis toujours étonnée qu’une ligne fictive tracée dans le paysage et qu’on appelle ensuite frontière puisse à ce point faire passer le voyageur d’un monde à un autre. Tout change soudain,  la forme des maisons, leurs toitures, l’habillement – dans ce cas c’était flagrant -, les activités, et même parfois le climat. (Je me rappelle lors d’un passage du Vietnam au Laos être, en cent mètres, passée de l’hiver à l’été). Cette fois ci les maisons commencèrent à se colorer, et leurs toits de zinc faisaient des tâches bleues. Les femmes aperçues dans les cours des maisons portaient toujours un foulard et des jupes longues mais colorés. Fini le noir ! Le paysage lui-même avait changé. Il y avait de l’eau, de l’herbe, des petits troupeaux de moutons, des peupliers déjà enflammés par l’automne. Je me sentais revivre.

La ville de Van nous surprit aussi. Je ne me rappelais pas que les villes turques étaient aussi animées, qu’il y avait autant de monde dans les rues, femmes avec ou sans foulard et manteau islamique. On pouvait acheter des fruits facilement, il y avait des petits supermarchés, des commerces de toutes sortes et des petits restaurants. Tout paraissait plus léger qu’en Iran et pourtant la Turquie… !

Nos carnets de croquis étant pleins il nous fallait en trouver d’autres. Pas facile ! Le matériel Beaux-Arts ne fait pas vraiment partie des achats courants dans ces villes de province. Même dans la plus grande papeterie de la ville il n’y en avait pas. Pour expliquer ce que nous voulions je sortis mon carnet d’Asie Centrale et le laisser feuilleter par le patron et les deux jeunes vendeuses. Je voulais maintenant dessiner la Turquie. Mais avant tout il fallait accepter un  thé. Nous finissions par opter pour des carnets à lignes puis choisissions deux feutres extra fins. Mais quand nous avons voulu payer, impossible : « Non. Cadeau. Pour dessiner la Turquie. Welcome in Turquie. » Nous étions confus. J’en avais des frissons. Nous allions dans la boutique voisine faire trois photocopies de croquis pour leur offrir, mais c’était un piètre remerciement.

 

L’hôtel réservé par internet à 20€ la nuit s’avéra être un 3 étoiles en plein centre-ville et, aussi, tout près de la mosquée. Et, en pays sunnite, les muezzins gueulent encore plus fort qu’ailleurs. Enfin, la température nous paraissant déjà bien fraiche et la pluie imminente, nous décidions  de prendre un bus pour Mersin, sur la côte méditerranéenne (1 200 km – 16 heures de bus).

Vue de la chambre de l’hôtel

 

La citadelle de Van, 1 700 m d’altitude

 

Si nous avions été surpris par la fraicheur nocturne à Van nous apprécions la douceur des températures en arrivant à Mersin, ville sans grand intérêt mais commerçante, située sur la côte méditerranéenne. Nous retrouvions les cireurs de chaussures avec leurs belles boites dorées, les marchands ambulants de fruits et légumes, les restaurants de Doner Kebab à tous les coins de rue et buvions moult tasses de thé offertes à toute occasion.

L’orage nous prit alors que nous marchions sur le front de mer. Nous nous réfugions dans un café restaurant à grandes baies vitrées. Les hommes fumaient cigarette sur cigarette en buvant du thé et jouaient aux dames ou au jacquet. L’odeur doucereuse d’un narghilé m’écœurait un peu.

Il n’y avait que 100 km pour rallier Tasucu d’où partirait notre bateau pour Chypre. Nous avions retrouvé l’été avec des températures autour de 30°. Si j’avais pensé voir la mer pendant le parcours, c’était raté. Entre la route bruyante et les plages se dressait une forêt de tours. Les villes turques ne ressemblent plus qu’à cela. Elles ne poussent plus qu’en hauteur, sans aucune recherche architecturale et quasiment sans espaces verts.

Au bout de 30 km nous sortions enfin de ville et ce furent alors des stations balnéaires avec un nombre incroyable d’hôtels.

 

 

Juste en face du château moyenâgeux de Kiskalesi,  un panneau « camping-bungalows » nous fit prendre à droite une rue bien pentue. Tout en poussant je me disais que je n’avais pas du tout envie d’aller loin comme cela. A une femme qui s’avançait vers nous je demandais où était ce camping. « Pas de camping par là. Ici il n’y a que des hôtels ». Le fait est que tout autour de nous les bâtiments affichaient « Hôtel », « Pension » ou « Motel ». Elle nous proposa une chambre à 50 TL (7,50 €). C’était dans nos prix. Le ménage restait à faire, tout était un peu déglingué mais nous avions une terrasse avec vue sur la mer et le château – hélas sur la route aussi. 

En fin d’après-midi nous allions manger une glace en bord de mer.

26° à 7 h du matin. Heureusement que nous n’avions pas beaucoup de kilomètres à parcourir car nous étions partis tard. La route était assez fréquentée, large et toute droite mais pas désagréable. Nous avions une bande latérale pour nous, sur notre droite des collines couvertes d’une végétation broussailleuse typiquement méditerranéenne et au passage nous nous régalions des odeurs sucrées des feuilles de platanes, de celles des figuiers et des eucalyptus. Des femmes récoltaient les olives vertes, les orangers étaient lourds de fruits prometteurs. On nous faisait bien sûr signe bonjour, mais c’en était fini des hurlements et des selfies, ce qui étaient plutôt reposant.

Nous avions vraiment, en quittant l’Iran, fermé le chapitre Asie pour un en ouvrir un autre.

 

Tasucu nous n’avons pas eu le temps de chercher un hôtel. Un homme en mobylette nous aborda. « Pension ? Une super et pas chère, suivez-moi ! » Une petite cuisine, une chambre + salle d’eau, terrasse vue sur mer : 12 €. 

Et le soir, après un bain au coucher du soleil, nous rêvions sur notre terrasse à la suite de ce voyage qui s’inventait au fur et à mesure, ce qui était bien agréable.

 

Il nous sembla impossible que cette farniente et ce confort ne dure que deux jours. Dès le lendemain matin nous allions à l’agence de voyage changer notre billet de bateau, faisions le plein de nourriture au supermarché et nous installions pour une petite semaine. Bains, siestes et lectures au programme. 

 

Ça se gâte !

Et puis le dernier jour il y a eu de l’orage, le vent s’est renforcé et la mer s’est mise à courir latéralement à la plage, blanche de colère, crêtes soulevées, écume emportée par les rafales comme des bancs de pissiettes*en fuite. Et le départ de notre bateau pour Chypre a été annulé, repoussé de 4 jours. Pas grave. Rien ne nous presse. Nous sommes bien logés et avons tout notre temps. Avoir tout son temps, quel luxe !

 

Le beau temps est revenu et nous attendons le prochain bateau prévu pour lundi soir

 

*Pissiette : Poisson gros comme la moitié d'une sardine pêché dans la mer des Antilles


Pour lire notre article sur l’île de Chypre, allez en page correspondante dans la colonne de droite ou bien  cliquer ici 


Article rédigé le 11 décembre 2018 à Side

 

RETOUR EN TURQUIE le 27 novembre

 

 

 

 

 

Deux cafés turcs

Baissons l’allure et le temps lui-même, par un étrange effet d’imitation, ralentira son débit. (Sylvain Tesson, encore lui !)

Tasucu nous avons retrouvé notre studio avec vue sur mer. Le ciel fut plutôt gris pendant ces deux jours mais il faisait très doux. Apéritif le soir sur notre terrasse, avec respiration tranquille des vagues et chant d’un grillon tout près. C’était un piège cet endroit. On s’y ennuyait un peu mais nous nous y sentions comme chez nous, faisions nos courses chaque matin dans le même supermarché et la jeune caissière nous avait reconnus.

Trois jeunes sont venus dans la soirée discuter gentiment sur la plage. Au matin les cadavres de leurs bouteilles de bière restaient, cassés, sur le rivage. Le deuxième soir ce sont les flics qui ont fait leurs grillades au bord de la mer. J’oubliai de regarder le lendemain matin s’ils avaient laissé des traces de leur passage.

Le départ était prévu pour le jeudi mais l’annonce de grosses pluies pour le vendredi faillit nous faire rester encore. Si nous ne bougions pas les jours calmes par risque de tempête le lendemain, nous risquions de ne pas avancer bien vite, voire pas du tout.
Nous partions donc, avec la totalité de nos bagages cette fois, c’est-à-dire tout le matériel de camping laissé ici pendant notre séjour à Chypre.

La route nous parut d’abord assez facile mais le gentil vent SE qui nous poussait se renforça jusqu’à devenir franchement très fort. En fin de matinée nous étions dans le petit port deYesilovacik. Une terrasse de café sur la place centrale avait réuni tous les hommes du village. Certains jouaient très sérieusement à un jeu proche des dominos, d’autres fumaient en buvant du thé. Notre arrivée fit diversion. « Y avait-il une pension au village ? » - « Oui, juste à côté ». Nous étions passés devant sans la voir. Quand Dany sortit son porte-monnaie pour payer nos deux thés on lui fit comprendre que c’était déjà payé. Par qui ? Réponse d’un geste vague de la main. Nous n'avons même pas pu  remercier.

La chambre qui nous fut montrée, au-dessus d’un mini restaurant, était meublée de six lits et d’une table. Même pas une chaise pour poser ses affaires. Deux jours là-dedans – car il fallait penser à se mettre à l’abri pour le lendemain également – ça allait nous faire regretter d’avoir quitté Tasucu.

 

Le village de Yesilovacik est bâti à flanc de colline, bien protégé du vent dominant. Parmi les bâtisses neuves en béton sont éparpillées des ruines de maisons en pierres, ruines encombrées de déchets bien évidemment. A quelques centaines de mètres, en plein vent, s’est construit le village balnéaire où nous espérions trouver un appart-hôtel ou quelque chose dans le genre. Mais tout paraissait bien fermé. N’était ouvert qu’un quatre étoiles avec piscine, spa, etc. Entrons tout de même. Le patron baissa un peu son prix afin que nous puissions rester. De notre chambre, nous avions vue sur un petit port industriel, sa jetée noire et deux grues grises.

Si, par soucis d’économie, mais sans gaieté de cœur toutefois, j’avais envisagé de camper, le violent orage qui dura plus d’une heure en pleine nuit me fit apprécier notre chambre douillette. 

 

Le jardin d’enfants de Yesilovacik, ravissante décoration …

 

 

La rivière qui traverse cette zone de marécage avait débordé dans la nuit et teinté la mer de rose orangé. Plus loin vers le large l’eau devenait verte. La route était inondée par endroit et les immeubles avaient les pieds dans l’eau.

 Il plut encore dans l’après-midi et le soir la température était tombée à 14°.

C’est à Yesilovacik que nous avons entendu le plus mélodieux des muezzins. Son chant était doux comme une prière (oserais-je ajouter : "ça change" ?).

 

Nous ne faisions que 45 km le jour suivant, ce  qui peut paraitre court mais qui nous en a mis plein les pattes. Le graphique des dénivelés  nous avait prévenus. 

 

 Nous avons d’abord roulé dans un paysage de montagnes très bas alpin. J’étais aux anges.

Quelques tunnels nous ont évité le pire. Je les redoute toujours mais ceux-là sont bien mieux aménagés qu’au Japon, toujours à sens unique, avec deux voies et un bon éclairage.

 Et puis, en haut d’une côte, nous avons basculé littéralement vers la Méditerranée, si bleue au pied du vert acide des pinèdes. J’eus à peine le temps de penser « Que c’est beau ! » que Dany, en pleine descente, se mit à zigzaguer et s’arrêta en urgence. Crevaison à l’avant. Encore ! Cette fois-ci le pneu qui nous inquiétait depuis 2 000 km –sans que nous ne fassions rien d’autre que le regarder de temps en temps– allait vraiment mal et la ferraille mise à nue avait cisaillé la chambre à air. (Pour les connaisseurs : un Schwalbe Marathon Plus, de 6 000 km seulement ! Pas normal !) On s’installe sur le bas-côté de la route. 

 

Tout en bas un cyclo à sacoches venant en sens inverse s’arrêta pour nous saluer. Il allait prendre le ferry à Tasucu pour Chypre d’où il espérait trouver un autre bateau pour Israël afin de continuer par voie de terre jusqu’en Jordanie. Il nous prévint : « vous avez devant vous une longue côte ». 10 km de côte ! 10 km en toute petite vitesse. Puis nous plongions sur une plaine entièrement vouée à la culture sous serres d’aubergines. 

Aycindik, une fois la chambre d’hôtel trouvée, nous allions chez le vélociste du coin qui n’avait pas de pneu qui puisse nous convenir mais qui mit une chambre à air neuve en l’enveloppant d’une protection à l’intérieur du pneu, le tout pour 3€. Sympa le petit gars.

Des côtes de fou pendant les vingt premiers kilomètres, mais dans un paysage méditerranéen superbe. 

Puis ce fut la plongée par une descente crispante (15% comme la montée) sur une plaine coincée entre montagnes et mer, toute couverte de serres pour la culture des bananes.

Arrêt casse-croûte en haut d’une côte les pieds dans les ordures comme il se doit. 

Les Turcs sont sans doute très gentils mais se conduisent en majorité en Porculus, ce qui est dommage pour de bons musulmans. Ils jettent tout ce dont ils n’ont que faire sur la voie publique. Et que dire de ce camionneur qui, au moment où il nous double, se débarrasse par la fenêtre de sa bouteille vide qui ricoche sur la chaussée ? Croyez-vous qu’il ait pensé une seconde avant d’agir le bougre ?

 

Anamur est située légèrement en hauteur, loin du bord de mer tandis que sa station balnéaire se concentre à deux ou trois kilomètres du centre-ville. C’est bien sûr laid à souhait, la plage dans le même état que les aires de piquenique, mais c’est là qu’il fallait aller pour trouver un hôtel.

 

Certains arrivent tout de même à s’isoler. « Do not disturb »

 

Au menu du soir : aubergines servies avec du fromage blanc à l’ail, un délice.
Dans la salle du restaurant la télévision diffusait les actualités internationales et c’est avec tristesse que nous assistions aux débordements de violence aussi bêtes qu’inutiles en France.

 

Le lendemain ce fut encore une étape de 45 km parcourue  en 6 heures. Des rampes de fous, avec des 15, 20 % et plus. Quand nous n’étions pas en toute petite vitesse (à 4,5 km/h de moyenne) nous poussions (et tombions à 3km/h), en nous arrêtant pour souffler tous les vingt mètres. Heureusement la plupart du temps la route était large, neuve, et très peu fréquentée. 

 

Pause piquenique en haut de côte. Et nous nous plaignons que les vélos soient lourds ! Nous transportons même nos fauteuils !

 

Puis nous plongions dans les bananes. Toute la baie deYakacik est plantée de bananiers.

 Il restait 37 km pour atteindre Gazipaça, la prochaine ville, et vu la côte qui nous attendait encore – et qui allait sûrement se faire en partie à pied – nous tentions de trouver un refuge dans ce village agricole. Il était 14 h passées et nous étions fourbus. Pas d’hôtel, un village de vacances fermé et une plage pour camper.

 

 

 

 La plage ne nous tentait guère, il y avait trop de vent. En nous mettant à l’abri près du village de vacances ce serait mieux. Nous n’avions pas prévu que le gardien qui vivait là allait nous faire profiter de sa télé toute la soirée. Avec les bruits du vent et de la mer conjugués nous ne l’entendrions pas trop. Nous montions donc la tente – nous avions perdu les automatismes -, sortions le réchaud pour faire cuire une poignée de pâtes mais il se mit à fuir comme une passoire. Tout ce matériel de camping n’avait pas servi depuis fin juillet. A l’épicerie du coin il n’y avait rien qui puisse nous procurer un repas. Ce fut donc, comme pour le déjeuner, céréales, pain et fromage. Et nous n’avions même pas une banane en dessert alors que sur le bord de la route nous avions vu des stands qui les vendaient par régimes entiers !

Assise sur la plage je regardais la route en corniche 500 m au-dessus de la mer et me demandais comment nous allions faire pour grimper jusque là-haut.

Nous avions vraiment bien fait de nous mettre à l’abri du vent. Toute la nuit nous entendions les rafales passer au-dessus de nous. En revanche nous avons appris par la même occasion que les graines de palmiers dattiers font d’énormes taches sur tout ce qui se trouve en dessous. La tente en fut constellée.

Au lever du jour, c’est-à-dire 6h30, le vent se renforça et il y eut quelques éclairs. Nous commencions aussitôt à replier à la lampe frontale. Impossible de rester coincés ici sans rien à se mettre sous la dent. Une tartine de confiture et une tasse de café froid prises debout et nous prenions la route. Tenterions-nous de trouver un véhicule ? L’attente risquait d’être longue. Et le ciel s’assombrissait terriblement sur la mer. On y va. Et lentement, lentement, nous l’avons avalée cette côte, et sans nous faire mouiller.

Gazipaça fut atteint à l’heure du déjeuner et nous étions morts de faim. A la sortie du restaurant un homme qui nous avait demandé notre nationalité nous dit : « Ça va mal en France, ne rentrez pas trop vite ».

 

 

En entrée de ville nous nous étions arrêtés dans une station services pour les toilettes et un verre de thé brûlant nous avait été offert. La veille également l’employé d’une autre station nous avait accueillis en ouvrant grand les bras « Welcome ! » Il y a pratiquement toujours un distributeur de thé chaud gratuit en libre-service.

Alors que nous cherchions notre hôtel un homme nous demanda pourquoi nous ne voulions pas camper près de la plage. J’en avais presque des scrupules, me traitant intérieurement de bourgeoise, mais le soir, alors qu’il tombait des cordes, je ne regrettai pas du tout d’être confortablement installée, bien à l’abri, et de faire un repas chaud.

 

 

Réveil à 6h30 pour partir de bonne heure. Il pleuvait toujours. J’étais prête à retourner bouquiner au lit quand je captai enfin la météo. La pluie allait s’arrêter vers 8h. Préparons-nous.

En chargeant les vélos nous avions jeté un coup d’oeil septique sur le pneu défaillant. Ce n’était tout de même pas beau cette hernie grossissante ! Et à quelques centaines de mètres de l’hôtel que nous venions de quitter nous passions devant chez un vélociste déjà ouvert à cette heure matinale. Il avait un « lastik » - pneu en turc -, un bon, « made in Turkey », 6,50 €. Et pendant qu’il montait ledit lastik sur la roue, nous buvions le thé brulant offert. Prix de la main d’œuvre ? 0 €. Son temps nous était également offert, ainsi que sa chaleureuse accolade. Le vieux, qui pouvait être son père, nous prit la main à chacun et posa son front dessus. J’eu l’impression d’avoir ensoleillé le début de leur journée.

En sortie de ville nous faisions halte dans la première station essence pour profiter des toilettes. « Un thé ? » - « Non, merci, sans façon. » On n’avancera jamais à cette allure.

 

Puis très vite nous avons quitté la route principale qui montait comme une foldingue pour une secondaire  bien tranquille  qui serpentait le long de la côte sans folies ascendantes.

Le ciel était  menaçant, il tombait quelques gouttes mais ce n’était pas vraiment de la pluie. Nous roulions entre bananeraies et rochers plongeant dans la mer. 

Tandis que nous buvions le café debout sur un terreplein, une femme vint vers nous. « Vous parlez Allemand ? Je m’appelle Angella » et la conversation s’engagea en Anglais à ma demande.  Avec son mari retraité elle vivait dans cette région de Turquie parce qu’ils trouvaient cela « plus agréable que de rester en Allemagne » (sic). Son mari aussi faisait du vélo mais préférait s’entraîner dans les côtes de la grande route. Nous les lui laissions volontiers. « Au revoir, bon voyage ! », un petit salut de la main, un sourire et elle partit faire sa marche matinale. Les 15 derniers km se déroulèrent dans une zone urbaine à la Turque, c’est-à-dire une vaste cité d’immeubles qui, sur ce bord de mer, étaient tous destinés à la location saisonnière. 

 

Tout près du centre-ville d’Alanya nous trouvions dans cette forêt d’immeubles un appartement dans un hôtel pour moins de 12€ la nuit. Le ciel s’était dégagé. Nous partions marcher sur le front de mer jusqu’à l’ancienne ville enceinte de fortifications les pieds dans l’eau.

Toute cette côte était autrefois défendue par des forteresses construites soit par les Croisés soit par les Mamelouks.

La citadelle d’ Alanya, du XIIIème siècle, se dresse au sommet de la colline toute crénelée de remparts.

C’est une belle promenade d’y monter par des calades entre des murets de pierres, d’abord à travers un vieux quartier puis des vergers  d’agrumes, d’oliviers et d’amandiers en terrasses.

 

 D’en haut le regard embrasse toute la ville neuve et les montagnes qui lui font contrefort, les sommets du massif du Taurus à plus de 2 000 m déjà bien enneigés.

Une route toute plate, large, avec une belle bande latérale rien que pour nous, et d’ailleurs quasiment personne sur la route. Tout de même pas mal de Renault 12. Je crois qu’il n’y en a jamais eu autant en France dans les années 70. Bien peu de vélos par contre.

 

 Et nous avons atteint Side en début d’après-midi.

 

Side fut fondée, sur une péninsule,  par les Grecs mais les restes que l’on peut y voir datent surtout de la période romaine, des premiers siècles de notre ère.  Et l’on se promène en toute liberté dans les ruines, éparpillées dans un quartier de pensions, de magasins souvenirs et de restaurants pour la plupart fermés à cette saison. Il pleut un peu, les feuilles de platanes et de figuiers jonchent les rues pavées et sentent bon. C’est d’une nostalgie folle.

Nous y resterons trois jours, le temps de laisser passer une nouvelle perturbation. Pluie et vent sur la Méditerranée.

 

Nous prenons tout notre temps, trouvons à nous loger facilement et dans nos prix. Dans deux jours nous serons à Antalaya où nous resterons également  car de très beaux sites antiques nous attendent dans les environs.


Article rédigé à Cirali le 29 décembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

Depuis notre dernier article, soit il y a deux semaines, nous n’avons avancé que de 160 km le long de la côte, ce qui est bien peu j’en conviens. C’est que nous prenons notre temps ! Et puis quand il pleut, le meilleur moyen de ne pas être mouillé n’est-il pas de rester à l’abri ?

Arrêt pipi dans une station services. A peine descendus de vélos nous nous voyons offrir une tasse de thé. Non seulement deux pompistes servent les clients mais une femme joue son rôle d’hôtesse en s’approchant des véhicules avec du thé chaud sur un plateau. C’est quand même plus sympa que les self-services où on se dégueulasse les mains – et il n’y a jamais de toilettes avec du savon pour se les laver – et avec paiement par carte bancaire dans une machine qui parle.

 

 

Direction Aspendos à quelque 30 km à cause de son théâtre. Et en effet quel choc ! 

Le mur du fond de scène haut de 25 mètres est intact, énorme ! Par derrière s’éparpillent les restes de l’ancienne ville romaine, mais c’est bien pour le théâtre que l’on vient dans ces lieux. Nous y avons  rencontré Diana et Leonardo, deux jeunes Colombiens à vélos partis de chez eux il y a 18 mois. L’Amérique du Sud d’abord, l’Europe depuis mai dernier et la Route de la Soie prévue pour le printemps prochain. (bisinvisa.blogspot.com.co). Pour économiser leurs sous ils campent tous les soirs et j’ai bien pensé à eux en fin de journée quand ce fut une vraie galère pour trouver un hôtel à un prix abordable. Nos jeunes amis avaient planté leur tente au pied des ruines. J’ai bien pensé à eux aussi le matin quand nous sortions les gants pour éviter l’onglée en prenant la route. Le ciel était bien dégagé et la lumière très belle, mais le petit vent du nord que nous avions de face nous gelait. Nous roulions vers les montagnes enneigées juste derrière Antalaya.

 


Contrairement à ce que nous avions envisagé nous n’allions pas vers Antalaya mais vers Pergé, une autre ville romaine construite sous le règne d’Hadrien (2ème siècle). La météo annonçait encore tellement de pluie pour les jours à venir qu’il valait mieux profiter de cette journée de beau temps pour la visiter. C’est un site tout simplement exceptionnel. 

On se promène dans les ruines d’une ville dont on voit très bien le plan. L’avenue principale s’étire sur près de 500 m de long et 22 de large.

Emouvantes les traces d’usure dans le pavage laissées par les roues des chariots il y a près de 2 000 ans. Les murs encore debout tels que ceux de la palestre, les bains publics, les portiques, sont colossaux, montés en blocs taillés énormes. Et si nous, visiteurs du 21ème siècle, apprécions le décor montagneux aperçu entre les colonnes et au bout des avenues, nous réalisions tout de même devant ces pans de murs de 15 mètres de haut que la population romaine vivait entre des murailles énormes et lourdes, pesantes pour le moral sans doute, mais sécurisantes peut-être aussi.

A Pergé serait venu prêcher Saint Paul et cela nous rappelle que la côte lycienne, de Fethye à Antalaya, propose une longue randonnée appelée « le chemin de Saint Paul ».

Dès qu’on s’écarte des stations balnéaires il est difficile, voire impossible, de trouver un hôtel. Si la veille nous avions dû faire 20 km pour revenir vers la mer pour la nuit, il en fut de même ce soir-là. Nous finissions l’étape à Lara, station balnéaire d’Antalaya à 11 km du centre-ville de cette dernière.

 

Nous resterons dans notre appartement d’au moins 50 m2 pendant plusieurs jours. Le réfrigérateur ne fonctionnait pas, il n’y avait pas de plaques de cuisson, mais nous nous organisions. Nous cuisinions sur notre réchaud à essence sur le balcon et avons l’habitude de nous passer de frigo, surtout à cette saison. Le gros atout de notre logis : un bon chauffage. Car si la température ne descendit pas trop – entre 12 et 14° en pleine journée – avec l’humidité ambiante nous étions gelés. Pour aller visiter Antalaya il y a le bus qui nous y mène en une demi-heure. Dans notre quartier vivait une bande de gros chiens errants dont le jeu préféré est de courir après les voitures - et les vélos bien sûr. Nous en verrons également d’autres bandes dans le centre d’Antalaya.

A Antalya on aime bien les chats aussi puisqu’on leur a même bâti des HLM

Le  centre d’Antalaya était très calme vers 11 h du matin. Un boulevard agrémenté de jardins, de places et de belvédères longe la corniche rocheuse qui surplombe le port et la vieille ville. Et toujours des drapeaux turcs dans les rues, les boutiques, aux fenêtres et balcons des appartements, des photos d’Ataturk aux carrefours, dans les bâtiments publics, dans la moindre échoppe. Mao n’était pas plus représenté en Chine.

Des drapeaux partout vous dis-je !

 

Quand nous ressortions du musée archéologique en milieu d’après-midi, c’était beaucoup plus animé et, malgré la pluie imminente, il y avait foule de badauds sur les grands boulevards et aux terrasses des cafés. Pourtant nous avons pris le premier bus pour rentrer dans nos appartements après ces heures d’émerveillement au milieu de la collection incroyable de sculptures provenant pratiquement toutes de la ville de Pergé visitée deux jours plus tôt.

Le dimanche nous tentions une balade dans la vieille ville et le port d’Antalaya mais il faisait froid et très humide.

Nous sommes restés presqu’une semaine à Antalaya, non parce que les lieux nous plaisaient tant que ça, mais parce-qu’il fit un temps de chien et que nous attendions nos chaînes de vélos.

Et enfin, par grand soleil et ciel limpide, nous mettions les voiles plein sud. La traversée d’Antalaya, ville au centre très peu fréquenté par les voitures et très bien desservi  par les bus, se poursuivit par une piste cyclable de plusieurs kilomètres le long de la baie, puis il fallut bien retrouver notre D400. Trois tunnels et nous arrivions à Kemer, cité balnéaire très commerçante. 

A Kemer, lorsqu’on marche vers la mer, on longe une marina pour atteindre une très jolie crique boisée. On est bien dans une cité balnéaire. L’eau y est parait-il à 20°, ce qui permet encore la baignade pour certains. Mais si on tourne le dos à la mer, on se retrouve dans une ville de montagne, avec une paroi abrupte et au sommet bien enneigé puisque le Tahtali culmine à 2 365 m. Pas d’intermédiaire. La haute montagne – la mer, la station de ski – la plage.

A 15 km de Kemer sont les ruines du port romain de Phaselis. C’est un endroit merveilleux, sur une presqu’île. Les vieilles pierres, les restes de  l’aqueduc, du théâtre et de l’avenue reliant le port à l’agora sont désormais cachés dans une pinède d’arbres vénérables. Des deux côtés de cette langue de terre s’arrondissent de belles criques aux eaux paisibles, vierges de toute construction. Il règne dans cet endroit une paix souveraine. Quelques personnes se baignaient, une jeune femme peignait.

40 km seulement mais dure la  côte !

Sur la route un automobiliste s’était arrêté pour nous photographier. Tandis que je le dépassais il me cria «  je suis Allemand et je suis voyageur aussi ! ». Stop ! On se présente. Stéphane, 60 ans,  est parti de Francfort début mai pour rejoindre Jérusalem à pied. Il faisait apparemment un break ce jour-là et avait loué une voiture pour visiter certains sites. Mais son chemin reprendra bientôt et il devra passer par Chypre pour éviter la Syrie et prendre un avion pour Tel Aviv. (www.firstcs.de/blog)

 

 Puis nous plongions sur Cirali. 7 km d’une descente qui fit tout d’abord regretter de nous être aventurés vers ce cul de sac d’où il faudra bien ressortir. La route dégringole au même rythme que le torrent de montagne qui rejoint la mer, au pied de roches grises et griffues, dans une combe froide. Et on débouche dans un immense verger d’agrumes, un village agricole en bord de mer reconverti dans le tourisme. L’ambiance pourrait être horrible, disons pas à notre goût, mais en cette période hivernale la majorité des hôtels-pensions-bungalows-campings sont fermés et comme toutes ces infrastructures sont de petites tailles, entourées de jardins, de platanes et figuiers aux belles couleurs d’automne, d’orangers et citronniers surchargés de fruits, il est plaisant de se promener par les ruelles qui sillonnent le village. Nous sommes tombés sous le charme et nous décidions de passer la fin de l’année sans bouger.

Comme dans tout le pays quand notre hôtesse sert le thé elle utilise un ustensile spécial, le tchaïdang, composé de deux théières qui se superposent. Dans celle du haut il y a du thé très fort et dans celle du dessous de l’eau bouillante. On sert d’abord du thé dans le petit verre puis de l’eau pour le rallonger. 

Sur toutes les cartes un chemin mène de Cirali au site antique d’Olympos. « 3 km » est-il  même précisé sur le beau panneau à l’entrée du village. Et 300 mètres plus loin on se retrouve devant un torrent au débit un peu trop fort pour être traversé à pied. Pas un gué, pas une passerelle. Nous n’étions pas tous seuls à regarder de l’autre côté avec un air dubitatif. Pour aller à Olympos ? Reprendre les vélos, faire 15 km dont 7 d’horrible côte … ? Je crois que nous n’irons pas à Olympos. C’est ballot d’être bloqué à 3 km seulement à pied.

Nous avons déniché un sentier qui évite de traverser la rivière pour rejoindre Olympos, pas très facile mais nous étions prévenus. « C’est un peu dangereux ». Le sentier est plutôt boueux et étroit en surplomb du torrent, c’est vrai, mais arrivés au bord d’un escarpement à franchir par une échelle de fer nous n’avons pas osé continuer. 

En marchand vers l’autre extrémité de la plage on tombe sur un petit chantier de radoub où sont remisés les bateaux promenades pour l’hiver. Le dimanche les familles viennent pique-nique dans cet endroit. Pourquoi là ? Parce qu’on peut approcher les voitures jusqu’à la plage et même manger adossé à la carrosserie. La plage s’arrête net, barrée par une paroi rocheuse et si l’on veut continuer la promenade il faut se diriger vers l’intérieur des terres, vers la montagne. Un beau chemin dallé de pierres antiques et aménagé en escaliers commence à grimper dans une pinède. Et au bout d’un kilomètre de montée on débouche sur une plateforme rocheuse percée de « chimères » ou bouches de feu. Les flammes s’échappent des poches de gaz contenues dans la pierre qui, par ces failles, rencontrent l’oxygène et s’enflamment. La légende raconte qu’ici Bellérophon tenta de tuer la Chimère, bête immonde à tête de lion, corps de chèvre et queue de serpent. Il la manqua puisqu’elle se réfugia sous terre et continue à cracher du feu. Mais surtout ce serait ici que fut allumée la première flamme olympique pour célébrer les jeux d’Olympos (celui de l’autre côté du torrent) bien avant les jeux olympiques du Péloponnèse. Quelques pierres taillées témoignent de l’existence d’un temple dédié à Héphaïstos et les restes d’une chapelle byzantine portent encore des traces de fresques. L’endroit est assez magique même si je supporte décidément mal les déchets, bouteilles de verre, cannettes, paquets de cigarettes etc. laissés par les promeneurs.

De notre fenêtre, alors que le jour commençait à décliner, je vis des gens s’affairer autour d’un grand arbre au feuillage très sombre. L’un d’entre eux tentait de récupérer quelque chose dans les branches d’en haut à l’aide d’une épuisette. Comme il n’y a pas de singe dans la région j’ai pensé qu’il s’agissait d’un chat. Ma curiosité me fit sortir et m’approcher. Une femme tendait une étoffe pour amortir la chute de la chose qui allait tomber. Au sol il y avait un sac de toile plein. Un coup d’œil. Il s’agissait de très gros avocats noirs, presque Bleu de Prusse. Satisfaite je repartais déjà quand un homme me rappela pour m’offrir deux de ces fruits. « A garder 5 ou 6 jours avant de les consommer ». Je n’avais jamais vu un avocatier aussi haut et donnant des fruits aussi gros.

 

Nous nous sommes enfin décidés à traverser le torrent en pataugeant dans l’eau froide pour aller voir le site antique d’Olympos. (pas de photo, déjà assez casse gueule comme ça) Le site n’est pas grandiose mais situé dans une gorge qui descend vers la mer. On se promène dans un village en ruines qui pourrait aussi bien dater d’il y a deux cents ans à peine. Mais il est vrai que nous ne parviendrons pas jusqu’au théâtre situé de l’autre côté d’une rivière qu’il fallait encore traverser pieds nus. Zut !

Pour revenir vers Cirali nous avons opté pour le sentier avec l’échelle qui ne nous inspirait pas l’autre jour, mais la monter nous impressionna moins que devoir la descendre

Il y avait cette après-midi réunion de femmes sous notre fenêtre. Elles s’affairaient à la fabrication des gozlèmes – ou crêpes turques. La pâte était modelée en boules bien régulières par quelques-unes, puis étalée, étirée le plus finement possible à l’aide d’une longue baguette par une autre femme  et enfin la crêpe ainsi obtenue, fine comme du papier à cigarette, cuite sur une plaque au-dessus d’un feu de bois par notre logeuse.

Comme nous étions rentrés de promenade juste au bon moment, nous avons eu droit à une délicieuse crêpe fourrée d’herbes et de fromage.

 

Le temps n’est pas vilain mais les températures ont bien baissé (entre 7 et 14 degrés) et le vent du Nord n’est pas agréable. Nous lisons, dessinons, faisons des petites promenades sur la plage.

C’est décidé nous ne quitterons cet endroit que l’année prochaine.  Au fait le Père Noël est passé : il nous a apporté une chaine de vélo neuve chacun.


Article rédigé le 20 janvier 2019 à Fethyé

Cirali - Fethyé

 

 

 

 

 

 

Et nous avons continué le long de cette côte Lycienne, doucement-doucement, slowly-slowly, siga-siga, pole-pole, bref pas très vite.

De Cirali où nous avons cocooner presque deux semaines, il a bien fallu début janvier reprendre la route et sortir de notre trou, ce qui n’est pas une façon de parler puisqu’ une heure et demie d’efforts fut nécessaire  pour atteindre la route principale 7 km plus haut.

 

Un thé fort et sucré accompagné d’un simit (petit pain rond au sésame, appelé kouloury en Grèce) en haut de la côte et nous repartions. En fait nous avions le choix entre la route principale, passagère, sur 40 km dont près de trente en descente, et une plus petite, quasiment déserte, qui nous amènerait au même endroit en 50 km avec de bonnes côtes. Nous options évidemment pour la seconde, ignorant que nous allions pousser pour monter des murs. Les derniers vingt kilomètres devaient être tout plats, mais c’était sans compter avec le vent de face qui se renforçait au fur et à mesure que l’après-midi avançait. Nous traversions des collines ravagées par le feu et en maints endroits les grosses pluies de ces derniers temps avaient emporté des bouts de terrains et dessouché des arbres. 

 Bref, c’est complètement moulus que nous avons atteintFinike, ville balnéaire sans trop d’intérêt. Et il plut encore toute la nuit.

Devant notre bungalow à Finike

 

 

Inutile de se presser le matin. Il faisait froid et il pleuvait. A 9 h nous enfourchions les vélos, faisions 200 m puis demi-tour pour attendre la fin de l’averse. Deuxième départ à 10 h pour nous abriter bientôt sous un auvent de bois pendant près d’une heure et laisser passer la deuxième averse. 

Nous avons  réussi à parcourir encore 5 ou 6 km avant la troisième averse qui nous arriva dessus juste devant la petite boutique de Veri – « comme Veri Good » (sic) – en bordure de falaise au milieu de nulle part. Deux tables dehors, des caisses d’oranges et un kiosque vitré dans lequel le samovar entretenait une chaleur d’enfer. Veri commença par nous servir un thé, des confiseries et des noix, puis téléphona à un copain anglophone qui puisse faire l’interprète. Voilà. Si la pluie ne cessait pas il nous proposait de nous emmener diner chez lui puis de revenir coucher là, au coin du feu. C’était vraiment gentil mais il n’était que 13h et la journée risquait d’être longue.

 Nous espérions bien repartir. Et de fait le ciel se déchira et nous reprenions cette route en corniche dans un très beau décor sous une lumière toute neuve.

 

Demré nous avons visité deux hôtels sans nous décider. Il était 15h et nous n’avions toujours pas déjeuné. Un homme nous accosta en Allemand. « Vous cherchez quelque chose ? Je peux vous aider ». Un coup de fil et il nous dénichait une chambre chez l’habitant, juste au pied des ruines antiques. Mais il y avait une contrepartie. Il était journaliste et tenait avec nous son papier du jour. « Deux cyclistes Français en voyage à travers la Turquie ». Il fallut donc jouer le jeu, lui raconter notre histoire – enfin une histoire plausible -, se plier à ses exigences photographiques. « Techekkurle – Güle güle ! » et nous n’avions toujours rien mangé de sérieux depuis 7h ce matin. En guise de Quatre Heures nous avalions undoner kebab dans un fastfood avant de rejoindre notre pension.

 

Le petit déjeuner était inclus dans le prix de la chambre et nous avons eu la surprise de le prendre avec nos propriétaires, assis en tailleur sur la moquette du salon autour d’un grand plateau rond. Pain, œufs durs, tomates, olives, fromages et fruits confits. Quel dommage, avec toutes les oranges perdues que nous voyons à terre dans les vergers, que les Turcs ne fassent pas de vraies confitures ! Dommage aussi que notre hôtesse n’ait pas été plus souriante.

 

Petit déjeuner pris assis sur la moquette, une nappe sur les genoux en guise de serviette

Les températures baissaient toujours et un bon vent du nord tint le ciel pur toute la journée. Cependant il avait encore plu toute la nuit précédente et la limite neigeuse sur les versants sud des montagnes n’était désormais pas à plus de 5 – 600 mètres. La télévision diffusait les actualités pendant le petit déjeuner nous informant que la totalité de la Turquie était sous la neige, excepté cette petite frange littorale mediterranéenne. Je regrettais un peu d’avoir quitté notre cocon de Cirali.

 

Notre pension n’était qu’à 500 mètres du site romain de Myra. Outre un théâtre, ce qui retient surtout dans cet endroit ce sont les tombes rupestres creusées dans la roche.

A voir également à Demré, la fameuse église St Nicolas du XIIème siècle abritant soi-disant le tombeau du saint né non loin de là et évêque de la cité et quelques restes de fresques intéressantes. Beaucoup de Russes viennent dans cet endroit en pèlerinage.

Cette fois-ci encore nous avions le choix entre la grande et la petite route et choisissions la seconde. Et bien nous en a pris !

 

Partis avec bonnets et gants de laine nous allions en fin de matinée pédaler en chemise. Les côtes y étaient pour beaucoup. Nous  étions quasiment seuls sur cette route secondaire étroite et sinueuse qui dessert quelques villages agricoles dans un paysage de rocailles et de chênes verts.

Un panneau « Tchaï – Gozleme (crèpes fourrées d’épinards ou de fromage) » nous fit mettre pied à terre. C’était l’heure de notre pause et un thé accompagnerait notre pain au sésame avec bonheur. Nous étions à peine descendus de vélo qu’un couple se précipita vers nous. Leur café-restaurant était-il ouvert ? Je n’en étais pas sûre mais une table et deux chaises furent vite installées en plein soleil. Quand la femme nous vit manger nos petits pains, elle revint avec un plateau chargé d’olives – de l’oliveraie d’en face-, de fromage – du lait de leurs  chèvres -, de noix – de leurs noyers-, de tomates – poussées dans leur serre -, d’écorces d’oranges confites – de leur orangeraie – et d’une galette de pain toute chaude sortie du four. Arriva sur la table également une coupelle d’une espèce de sauce noirâtre « très énergisante ». Dany trouva cela plutôt bon tout en piochant tout de même beaucoup plus largement dans le confit d’orange. Cette sauce provenait des gousses du caroubier, arbre commun dans cette campagne. Un deuxième petit déjeuner donc, offert par une hôtesse bien plus gracieuse que celle chez qui nous avions logés à Demré. L’homme alla cueillir des citrons pour nous, sa femme en fit autant avec de la sauge pour que nous puissions nous faire une infusion « santé ». Et quand nous avons sorti le portemonnaie, ce fut « Non, cadeau ». Yussuf et Zeyneb étaient tellement contents que nous nous soyons arrêtés chez eux ! Ils avaient des chambres à louer et il était tentant de rester là, dans ce morceau de  causse si calme. 

Mais il n’était que 11h, il faisait beau, la route nous appelait.

Ce fut une belle étape bien que difficile. Le vent glacé se leva en début d’après-midi et quand nous avons rejoint la grande route et qu’il n’y eut plus que dix kilomètres de descente pour atteindre Kas, il se mit à tomber un grésil cinglant qui se transforma bien vite en pluie glaciale.

Toujours autant de chiens abrutis dans les villes, mais plutôt moins agressifs que méchiants.

Nous arrivions dans le centre de Kas frigorifiés et nous réfugions dans une chambre d’hôtel, pas très chaude à vrai dire, tandis que la nuit s’annonçait froide.

 

La journée du lendemain commença par un orage avec une température de 5°. La première chose fut de déménager pour un appartement avec balcon plein sud dans la rue d’à côté avant de découvrir les lieux. Nous allions y rester quatre jours.

La côte découpée de presqu’îles et de baies  comme celle dans laquelle se niche le bourg de Kas est absolument superbe et nous avons eu encore une pensée pour nos amis marcheurs qui se régaleraient tout au long des 500 km de cette Voie Lycienne ou Chemin de St Paul. Kas est adossé à une véritable muraille montagneuse. Notre propriétaire en nous montrant la neige était d’ailleurs absolument désolé : « Ce n’est pas normal ! C’est la première fois que je la vois ici ! ». Dans cette cité très touristique le climat est habituellement doux si l’on en croit les géraniums encore en fleurs et en pleine terre sous notre balcon. A Kas il  y a des tombes antiques, un théâtre bien restauré qui s’ouvre vers la mer, de vénérables oliviers, des kapokiers, mais surtout, là, toute proche et fermant la baie, une ile grecque ! La tentation purement et simplement ! Une ile grecque à 7 km ! Les prix pour y séjourner nous refroidirent. Pour aller boire notre Ouzo sur le port il faudrait attendre encore un peu.

La route qui longe la mer et ses baies profondes jusqu’à Kalkan est vraiment agréable, surtout sous le soleil comme ce fut le cas. Juste un grain qui nous obligea à prolonger notre arrêt  dans une station services. Il y eut ensuite une bonne côte pour passer un promontoire rocheux, puis une descente vers une large plaine entièrement, inutile de le préciser, recouverte de serres en plastique.

Patara, c’est à gauche, à 3 km de la grande route. On s’enfile entre deux collines rocheuses plantées d’oliviers et citronniers pour arriver dans un patelin balnéaire tout fermé, un peu sinistre par ce temps pluvieux mais où nous avons, grâce à l’aide d’un autochtone, trouvé un appartement. Pour combien de jours ? Bien difficile de répondre à la question. Nous étions venus pour visiter le site antique de Patara, mais depuis que nous longions cette côte, nous ne savions jamais, en fin d’étape, quand la pluie – ou plutôt l’arrêt de la pluie – nous permettrait de faire la prochaine. Cependant nous avons bien aimé cette flânerie qui nous aura permis de rester plus longtemps que prévu dans chaque lieu, et de ce fait de nous en imprégner.

 

Donc, une fois traversé le village de Patara, on longe un grand marais planté de roseaux dorés jusqu’à la mer. L’ancienne baie qui abritait le port antique, a été au fil du temps fermée par une dune de sable.

C’est de là que nous allions, sans bagages, découvrir les sites de Xanthos et Letoon situés à une quinzaine de kilomètres.

Nous avons aimé ces sites antiques de moindre importance, dont il ne reste pas grand-chose d’autre que des tas de pierres, des morceaux de colonnes bien alignées par les archéologues, des pans de murs, et pratiquement toujours les vestiges d’un beau théâtre, traces de villes, de ports, ou des sociétés se sont organisées, de rues dans lesquelles des gens tout à fait semblables à nous se sont rencontrés, ont flâné devant des échoppes, voici 2000 ans et plus. J’aime particulièrement la marque du ciseau de l’artiste ou de l’artisan qui a taillé cette fleur sur cette pierre oubliée. Moutons et chèvres baguenaudent dans les ruines, suivis de leur bergère, scènes pastorales éternelles.

 

On marche sur le dallage de l’agora, passe sous quelque portique encore debout, monte sur la colline entre les tombeaux des ex-notables, par des chemins herbeux, entre les oliviers et orangers.

Puis il y eut une journée de tempête, suivie d’une journée froide et très ventée et nous avons attendu que les éléments se calment.

Patara – Fethyé : 75 km. Route sans difficulté, peu de circulation, grand soleil et ciel bleu. Lors d’une courte pause un vieux berger est venu déposer une orange sur chacun de nos vélos, sans un mot.

 

Les bagages déposés dans l’appartement trouvé près du port nous sommes allés sur la Promenade des Anglais locale. Nous avions encore une fois changé de monde. Fini les petites cités balnéaires désertes en hiver, fini la houle presque océane. La baie de Fethye est si bien protégée qu’on se croirait sur les berges du lac d’Annecy, avec les montagnes enneigées en arrière-plan. Les retraités buvaient un pot aux terrasses des cafés. On se serait presque attendu à voir évoluer des cygnes entre les nombreux bateaux de promenade.

Kayakoy, village grec,  situé à environ 10 km, est un village fantômes qui abrita jusqu’à 3 000 habitants jusqu’en 1923, date à laquelle tous les Grecs d’Asie Mineure durent rentrer en Grèce alors que les Turcs résidant en Grèce durent rentrer en Turquie. Ce mouvement est connu côté grec sous le nom de la Grande Catastrophe, un million de personnes ayant été déplacées.

Le village fantôme de Kayakoy

 

Nous y étions enfin à Fethye, but de notre randonnée turque. Sept semaines pour parcourir 900 km depuis notre retour de Chypre ! (600 km seulement par la route principale pour les gens pressés en voiture) Nous avons pris notre temps, mais ce fut du bon temps. Pourquoi Fethye ? Tout simplement parce qu’en 2014 nous avions suivi la côte du Nord vers le Sud jusqu’ici, depuis Ephèse en passant par Milet, Didime et Priène et que nous désirions connaitre la suite.

 

C’est ici que Dany s’est offert une année supplémentaire et nous fêtions cela, non pas avec un gros gâteau, mais avec une crête au fromage et épinards (Gozleme) au coin du feu.

 

Tout au long de cette promenade hivernale le long de la côte nous avons pu trouver des appartements spacieux et confortables loués à la nuité. Grand luxe !

 

Il ne nous reste plus maintenant qu’à rallier Marmaris, à 130 km, où nous trouverons un ferry pour la Grèce.

 

Mais siga-siga, doucement-doucement…


Article rédigé à Marmaris le 1er février 2019

 

 

 

 

 

 

Attention les flics !

 

 

Mardi 22 janvier - Il ne devait pas pleuvoir ce jour-là. En route ! … sous une petite pluie fine qui devint rapidement une grosse pluie. Nous patientions plus d’une heure à l’abri dans une station services. La D400, toujours elle, bien large, avec une belle piste latérale et peu de circulation. Heureusement car les côtes étaient là encore bien pentues. A 13 h le ciel se dégagea et nous entrions dans Gocek, village balnéaire dans une baie superbe, pratiquement fermée par des ilots boisés. 

Une marina abrite un paquet de yachts et voiliers luxueux qui n’ont ici plus rien à craindre des tempêtes. Hôtels, villas et appartements à louer sont très résidentiels. A cette saison c’est d’un calme olympien. Pas de monde, pas de vent, du soleil…

Pour la suite, le profil altimétrique nous promettait bien des tourments, mais un tunnel devait nous sauver. Manque de chance, des policiers allaient nous en interdire l’accès : « No bicycle in tunnel ». Il ne nous restait donc plus qu’à nous taper le col de Gocek dans lequel j’avais fait un malaise hypoglycémique en juin 2013. Trois kilomètres de côte qui finalement furent montés tranquillement, sous le soleil. Du sommet la vue se perdait dans une vaste plaine marécageuse. 

En début d’après-midi nous entrions dans Dalyan. C’était très étrange de se retrouver là plusieurs années après, et en hiver de surcroit.

 Les tombes rupestres creusées au-dessus de la rivière nous parurent encore plus belles que dans notre souvenir, les roseaux plus dorés. Le décor était bien plus mystérieux et magique sans la foule des vacanciers. Seuls quelques promeneurs emmitouflés prenaient des photos.

Tandis que dehors sévissaient orages, vents et averses violentes une fois de plus, j’ai ressorti mon journal de bord tenu lors de notre voyage en Turquie en 2013. Et je suis bien étonnée en voyant les prix notés par mes soins. Une place de camping coûtait 30TL, soit 13€ ! Aujourd’hui 30TL valent 5€. Une chambre d’hôtel, 75 TL, soit 32 € il y a 5 ans - et 12€ aujourd’hui !

Nous avons lu, fait deux croquis d’après photo, sommes sortis entre deux averses acheter de quoi dîner, et puis dans l’après- midi le canapé s’est mis à vaciller. Tremblement de terre. Et ça, ça me fiche vraiment la trouille. Un petit tour sur Internet pour découvrir qu’un séisme de force 4,8 a eu lieu deux jours plus tôt à Marmaris.

 

J’ai rarement vu autant d’eau tomber ! La tempête dura trois jours et le dimanche matin, il ne pleuvait plus. Un ciel chargé certes et des températures aux alentours de 6°, mais qui ne nous retinrent pas. Nous en avions assez de rester enfermés dans cet appartement poussiéreux. En route ! Et ce fut une petite route campagnarde, sinueuse entre bois de pins, vergers et hameaux fermiers sur une quinzaine de kilomètres. C’était comme une balade à la campagne. 

Quoi ? Des cochons en pays musulman ?

 

Malheureusement il fallut bien rejoindre encore la D400. A l’embranchement de Koyceghiz nous commencions par boire un thé et manger un petit pain dans une station services. Il n’était que 11h et le temps avait l’air de se maintenir. Nous avions le choix entre continuer notre route jusqu’à Akyaka (40 km), voire même jusqu’à Marmaris (65 km) ou nous arrêter dans cette bourgade à 5 km. Décision fut prise de ne pas aller plus loin. Nous trouvions rapidement une chambre puis ressortions nous promener sur le front de mer – ou lac ?- 

Encore une fois on ne sait plus, comme dans toutes ces rades bien fermées. Ici pourtant il semblerait que le passage vers la mer soit devenu si étroit qu’il s’agit bien d’un lac. Et le lac débordait ! 

Et malgré l’air réjoui de notre propriétaire de la veille parce qu’enfin les barrages étaient pleins, il semblerait qu’il y ait maintenant trop d’eau. Les quais étaient submergés. Les terrains étaient complètement inondés (impossible d’imaginer camper comme lors de notre passage quatre ans auparavant, sous peine de se réveiller noyé). D’après les informations télévisées, des crues importantes ont eu  lieu dans tout le pays, des voitures et des humains ont été emportés par des flots de boue, une tornade a fait de gros dégâts sur l’aéroport d’Antalaya.

 

Fraicheur et grand ciel bleu au matin. C’était le jour idéal pour rejoindre Marmaris, la météo ne nous promettant pas d’autres journées clémentes. 

Innombrables stands d’agrumes sur le bord de la route

 

 

La D400 fut bien roulante sur 35 km, puis elle bifurqua vers la gauche, vers la mer. D’un parking-belvédère nous découvrionsMarmaris, stupéfaits. Nous nous attendions à un petit port touristique, une petite cité balnéaire, et c’était une ville de 100 000 habitants qui remplissait toute la vallée. 

Etonnante cette grosse ville en cul de sac. Car pour aller où que ce soit il faut revenir en arrière ou prendre un bateau.

Le studio trouvé donnait sur l’avenue du front de mer et la circulation n’était pas de notre goût. Trop bruyant donc mais il allait bien falloir y rester jusqu’à la fin de la semaine.

 

Mardi – Promenade dans la matinée jusqu’au château-musée en longeant le bord de mer. A 10 h rien n’était ouvert. On n’est pas des lève-tôt dans le coin ! Vers midi le vent se leva, le ciel noircit et la mer devint verte. 

Tout le monde aux abris ! Il plut toute l’après-midi avec de fortes rafales. Et ce fut reparti pour trois jours ! Depuis que nous étions au Nord de Fethyé nous trouvions les Turcs moins accueillants, plus mercantiles, tout comme voici quatre ans. Région trop fréquentée par les vacanciers peut-être ? Enfin, après de longues journées de pluies, vent et orages, nous achetions un billet de bateau pour Rhodes pour le samedi 2 février.

C’en est fini de la Turquie ou nous sommes arrivés le 13 octobre dernier et où, avec une interruption d’un mois pour aller visiter l’ile de Chypre, nous sommes restés douze semaines, soit 84 jours dont peut-être bien plus de la moitié arrosée de pluie ! Voilà pour les gens qui aiment les chiffres. Je n’en ai pas beaucoup d’autres à donner, n’ayant pas compté les tasses de thé bues, les oranges juteuses et sucrées dévorées, les kilomètres sur terrain plat ou en montée, ni même les théâtres antiques visités. Pas osé compter non plus le peu de croquis réalisés en extérieur par ce temps pourri.

La pierre météo

Pierre humide ………………………      pluie (à moins qu’un oiseau ait pissé dessus)

Pierre sèche …………………………       pas de pluie

Ombre sur le sol …………………..       soleil

Blanche sur le dessus …………..    neige (à moins qu’une mouette ait lâché sa fiente)

 Pierre invisible ……………………     brouillard (à moins que vous ne vous l’ayez reçue dans l’œil)

La pierre se balance ……………..   vent (à moins que vous n’ayez abusé du raki)

La pierre saute ……………………..      tremblement de terre

 

Plus de pierre ……………………….     tornade (à moins que vous ne l’ayez piquée en souvenir)


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